Environnement
éclairage naturel. Les intérieurs sont
étudiés, autant pour favoriser une
bonne circulation de l’air que pour une
isolation thermique efficace.
Ce mode de construction est claire-
ment écologique et nécessite à peine
quelques réajustements. Délaissé
au profit de constructions dites
modernes- le béton étant devenu un
signe de modernité- on gagnerait à y
revenir pour un meilleur respect de
l’environnement, mais aussi, pour
rester en adéquation avec notre
culture, comme vivre en demeurant
protégés des regards extérieurs. L’on
peut aisément remarquer que les
balcons et terrasses exposées dans
les villes (imposés par la colonisation
et conservés dans les constructions
postcoloniales) ne sont pas utilisés
pour leur fonction, alors que les
patios d’antan étaient aménagés
et quasiment utilisés comme une
chambre commune en été. Dans
ces constructions traditionnelles,
l’absence de fenêtre donnant sur
l’extérieur permettait autant de se
protéger du rayonnement du soleil
que des regards indiscrets.
Tafilalet,
une éco-ville
dans le désert
Si des institutions étatiques multiplient
les séminaires et les rencontres pour
sensibiliser les professionnels à la
construction durable, une initiative
citoyenne a donné des résultats plus
rapides et plus concrets. Tafilalet est
en effet la première éco-ville sortie du
sable. Nichée au sommet d’un plateau
dominant la vallée du M’Zab, elle a gagné
le pari de faire fleurir le désert. Il s’agit
d’un ksar de mille maisons construites
manuellement en pierre locale. Ses
habitants recyclent leurs déchets et ont
chacun planté trois arbres lors de leur
installation. Des palmiers et des arbres
fruitiers qui poussent sans engrais
chimiques ni pesticides. Un potager
sera créé plus tard pour faire pousser
des légumes qui nourriront gratuitement
toutes les familles. L’eau d’arrosage est
aussi issue du recyclage effectué avec la
technique de la phyto-épuration.
A Tafilalet, les quartiers sont nettoyés
hebdomadairement et le ramassage
des ordures obéi à des horaires strictes.
A l’école, les enfants se familiarisent
avec les questions écologiques et
apprennent le nom des plantes.
Cette éco-ville exemplaire est née
d’une initiative populaire. Des intellec-
tuels, scientifiques et architectes de
Beni Isguen avaient créé la Fondation
Amidoul, il y a une vingtaine d’année.
Avec pour objectif de lutter contre la crise
du logement, cette fondation a acheté
une colline rocheuse pour la transformer
en une ville respectueuse de l’environne-
ment et avec des logements accessibles
aux familles à faible revenus parce que
construits avec un coût trois fois moins
élevé que la moyenne dans le pays.
Tafilalet a reçu le Prix de la Ligue arabe
pour l’environnement en 2014. Et lors
de la 22 ème Conférence des Parties sur
le Changement Climatique (COP22),
tenue à Marrakech (novembre 2016), la
ville a obtenu le 1 er prix « coup de cœur
des internautes city », adhérents à la
plateforme (tous des professionnels de
la construction durable) et le 2 ème prix du
grand jury des villes durables, de la 4 ème
édition du concours « Green Building &
City Solutions Awards », organisé par
Construction21. •
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