zoom
Ali Kefaifi
Ingénieur Civil des Mines – Ingénieur IFP
«Le développement du
secteur minier doit passer
par le secteur privé»
Entretien réalisé par
Zahra khedim
Oil&Gas Business Magazine : Lors-
qu’on évalue le bilan du secteur
minier algérien, on parle souvent de
résultats en deçà des potentialités
du secteur qui pourrait contribuer
de manière plus importante à la
croissance économique du pays.
Qu’en pensez-vous ?
Ali Kefaifi : La réalité des chiffres nous
impose de reconnaître que les résultats
sont très en deçà des potentialités du
secteur, que ce soit pour les richesses
minérales ayant déjà été découvertes
(minerai de fer, manganèse, phos-
phate, etc.) ou pour celles, bien plus
importantes, et qui gisent dans le
sol et dans le sous-sol en attendant
d’être découvertes. On peut analyser
les écarts en considérant différents
périmètres homogènes. Le retard par
comparaison avec le Maroc (phosphate,
manganèse) et la Mauritanie (minerai
de fer). Essayons de comprendre pour-
quoi. Réussissant mieux que l’Algérie,
ces deux pays exportent depuis très
longtemps deux de ces produits (phos-
phate et ses dérivés, minerai de fer)
avec des revenus de plusieurs milliards
de dollars. Pourtant, l’Algérie dispose
de ressources minières équivalentes
(1 à 3 milliards de tonnes) et qui avaient
été découvertes dans les années 50.
Pour le phosphate, l’Algérie exporte,
bon an mal an et péniblement, moins
de un million de tonnes alors que le
Maroc s’achemine vers les 40 millions
de tonnes.
Le Maroc valorise son phosphate en
exploitant une vingtaine d’usines d’acide
phosphorique et d’engrais dérivés alors
que, il y a une vingtaine d’années, l’Al-
gérie a dû se résoudre à voir son usine
d’acide phosphorique se transformer
en ferraille, et ce tout comme pour son
complexe pétrochimique de Skikda qui
avait été le premier complexe construit
dans le monde arabe. L’Algérie est
par ailleurs un importateur malgré
un potentiel exceptionnel. En effet,
malgré des ressources considérables,
le pays demeure passivement un grand
importateur de produits miniers, soit
annuellement une centaine de millions
de dollars pour des produits minéraux
utiles et ordinaires, dont la baryte
importée pour plus de 10 millions
de dollars, à partir du Maroc ou de la
Tunisie. Cette baryte est essentielle
et utilisée dans le forage des puits
pétroliers. On citera aussi le marbre
importé de Méditerranée pour plu-
sieurs dizaines de millions de dollars,
ainsi qu’une longue liste de plusieurs
minéraux ordinaires (craie, sables,
kaolin, archives, grenat-abrasif, granit,
gravier, chaux éteinte, feldspaths, etc.).
Il faut mettre en relief aussi le potentiel
minier algérien non encore découvert.
D’après les présentations et des études
externes qui ont été faites pour le sec-
teur depuis deux ou trois années, le
potentiel comprendrait la plupart des
minéraux, des réserves très impor-
tantes à des coûts très compétitifs.
Si l’on compare ce potentiel algérien
à découvrir au potentiel minier maro-
cains rendu public en octobre 2016,
le potentiel algérien reléguerait au
second plan le potentiel du pays voi-
sin. En conclusion, si l’on comparait ce
potentiel minier algérien