INSPIRATION
par BERNARD SAULNIER
Bernard Saulnier est un blogueur
qui traite de la santé mentale. Il a
commencé à présenter une schizophrénie de type paranoïde à l’âge
de 24 ans. Il participe activement à
l’organisation des soins et des
services à l’Institut universitaire en
santé mentale de Montréal à titre
de patient partenaire. Monsieur
Saulnier a également été porte-parole du Bal des Lumières.
«
La peur, voilà ! La peur de sortir à
l’extérieur. La présence de cette
thérapeute. Je devais penser à
ouvrir et à fermer les ronds, faire
poêler tout ça… J'étais malade,
mais pas idiot !
Suite à mon admission à l'appartement, j'ai fréquenté les ateliers
d'ergothérapie. On échangeait sur
tout et sur rien. Sur le quotidien et
nos rêves en faisant, entre autres,
de la poterie et un énorme
casse-tête. Ce n’est que très tard
que j’ai réalisé que la sortie était
aussi importante que l'atelier
d’ergothérapie.
Mes voisins immédiats, des gens
souffrant de difficultés mentales
comme moi, trouvaient important
le fait que les appartements supervisés ne deviennent pas des ghettos. Je m'étais fait quelques amis
mais comme plusieurs, je menais
une double vie. Il y avait la maladie
mais aussi l'ennui, dont on espérait
se sortir en consommant. Parfois,
j'avais si peur de sortir que je
lier. J’ai finalement réussi, mais
j'avais de la difficulté à m'adapter.
Les ateliers représentaient mes
seules sorties sensées. L’ensemble
de mes autres activités tournait
autour du même milieu alcoolique
et « dopé ».
Durant les ateliers d’ergothérapie,
j'espérais toujours me faire une
amoureuse, mais ce n’est pas
arrivé. J'en ai rencontré une dans
mon milieu, ce n’était pas fort ! Je
prenais aussi des médicaments.
Une injection d'antipsychotique
‘’retard’’ à toutes les trois
semaines, ça ne m'empêchait pas
de faire de multiples allers-retours
à l'hôpital. Laissez-moi vous dire
que je trouvais le temps long : je
consommais et ces substances sont
des dépresseurs. Suite aux abus, il y
avait