OCTOBRE 2014_NO.3 | Page 36

INSPIRATION par BERNARD SAULNIER Bernard Saulnier est un blogueur qui traite de la santé mentale. Il a commencé à présenter une schizophrénie de type paranoïde à l’âge de 24 ans. Il participe activement à l’organisation des soins et des services à l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal à titre de patient partenaire. Monsieur Saulnier a également été porte-parole du Bal des Lumières. « La peur, voilà ! La peur de sortir à l’extérieur. La présence de cette thérapeute. Je devais penser à ouvrir et à fermer les ronds, faire poêler tout ça… J'étais malade, mais pas idiot ! Suite à mon admission à l'appartement, j'ai fréquenté les ateliers d'ergothérapie. On échangeait sur tout et sur rien. Sur le quotidien et nos rêves en faisant, entre autres, de la poterie et un énorme casse-tête. Ce n’est que très tard que j’ai réalisé que la sortie était aussi importante que l'atelier d’ergothérapie. Mes voisins immédiats, des gens souffrant de difficultés mentales comme moi, trouvaient important le fait que les appartements supervisés ne deviennent pas des ghettos. Je m'étais fait quelques amis mais comme plusieurs, je menais une double vie. Il y avait la maladie mais aussi l'ennui, dont on espérait se sortir en consommant. Parfois, j'avais si peur de sortir que je lier. J’ai finalement réussi, mais j'avais de la difficulté à m'adapter. Les ateliers représentaient mes seules sorties sensées. L’ensemble de mes autres activités tournait autour du même milieu alcoolique et « dopé ». Durant les ateliers d’ergothérapie, j'espérais toujours me faire une amoureuse, mais ce n’est pas arrivé. J'en ai rencontré une dans mon milieu, ce n’était pas fort ! Je prenais aussi des médicaments. Une injection d'antipsychotique ‘’retard’’ à toutes les trois semaines, ça ne m'empêchait pas de faire de multiples allers-retours à l'hôpital. Laissez-moi vous dire que je trouvais le temps long : je consommais et ces substances sont des dépresseurs. Suite aux abus, il y avait