OCTOBRE 2014_NO.3 | Page 22

MIEUX COMPRENDRE L’ENCÉPHALOMYÉLITE MYALGIQUE (EM) POUR UNE INTERVENTION GLOBALE ET EFFICACE EN ERGOTHÉRAPIE par LUCIE MONTPETIT erg. O.T. (C) Lucie Montpetit pratique l’ergothérapie depuis près de 30 ans. Elle a travaillé dans divers environnements hospitaliers et principalement en réadaptation intensive. Depuis 2006, elle est travailleur-autonome, surtout auprès d’une clientèle atteinte de conditions neurologiques. Environ 25% de sa clientèle souffre d’EM. En plus d’avoir bâti un programme de réadaptation pour cette clientèle, Mme Montpetit est conférencière et offre des ateliers sur la fatigue persistante, le stress et la douleur qui y sont associés. Elle a également écrit un livre sur le sujet et offre une formation pour les professionnels de la santé via l’Institut de formation continue du Québec. Bien que l’EM, communément appelée syndrome de fatigue chronique (SFC)¹ , soit considérée comme une maladie neurologique depuis 1969 et qu’un consensus international des critères diagnostiques ait été publié en 2011 par Carruthers et ses collaborateurs, ce syndrome est toujours méconnu du monde médical et de la réadaptation. Il est important de bien comprendre ce syndrome avant d’aborder le rôle clé de l’ergothérapeute auprès de cette population. CRITÈRES DIAGNOSTIQUES SELON LE CONSENSUS INTERNATIONAL (Carruthers et coll., 2011) 22 Les caractéristiques principales de ce syndrome sont les suivantes : 1. Épuisement neuro-immunitaire post-exercice (ENPE); EM 2. Troubles neurologiques; 3. Déficience immunitaire; 4. Problème de production d’énergie - trouble du transport ionique cellulaire. ÉPUISEMENT NEURO-IMMUNITAIRE POST-EXERCICE (ENPE) Il est primordial de bien comprendre l’ENPE pour avoir du succès dans la réadaptation et pour distinguer l’EM des autres conditions où il y a présence d’une fatigue invalidante. Une étude réalisée en 2007 par Van Ness, Snell et Stevens, qui fut par la suite confirmée par d’autres recherches (Snell, Stevens, Davenport et Van Ness, 2013; Keller, Pryor et Giloteaux, 2014) suggère la nécessité pour les personnes souffrant d’EM de respecter leurs limites énergétiques sous peine d’aggraver leur condition. L’évaluation des capacités aérobiques et du seuil anaérobique durant deux journées consécutives permet d’observer une diminution de la fréquence cardiaque maximale, un apport déficient d’oxygène aux muscles et un «(…) seuil anaérobique et un effort maximal à un niveau beaucoup plus faible de consommation d’oxygène selon le Protocole de Stevens (…) » (Snell et coll., 2013) chez les gens souffrant d’EM. Lorsque ce seuil est dépassé, on constate une exacerbation des symptômes suivants : fatigue, douleur, inflammation et troubles cognitifs. De plus, au deuxième jour d’évaluation, la performance est significativement réduite avec une réponse de récupération atypique se prolongeant d’au moins 48 heures; une baisse pouvant aller jusqu’à 50% de leur capacité à produire de l’énergie ainsi qu’un Erg-go! REVUE DES ERGOTHÉRAPEUTES DU QUÉBEC malaise post-exercice sont aussi fréquents. Une évaluation exhaustive auprès de cette clientèle est importante et doit être suggérée au médecin traitant lorsqu’un client a des difficultés à faire valoi