MIEUX COMPRENDRE L’ENCÉPHALOMYÉLITE MYALGIQUE (EM)
POUR UNE INTERVENTION GLOBALE ET EFFICACE EN ERGOTHÉRAPIE
par LUCIE MONTPETIT
erg. O.T. (C)
Lucie Montpetit pratique l’ergothérapie depuis près de 30 ans. Elle a
travaillé dans divers environnements hospitaliers et principalement en réadaptation intensive.
Depuis 2006, elle est travailleur-autonome, surtout auprès d’une
clientèle atteinte de conditions
neurologiques. Environ 25% de sa
clientèle souffre d’EM. En plus
d’avoir bâti un programme de
réadaptation pour cette clientèle,
Mme Montpetit est conférencière
et offre des ateliers sur la fatigue
persistante, le stress et la douleur
qui y sont associés. Elle a également écrit un livre sur le sujet et
offre une formation pour les
professionnels de la santé via
l’Institut de formation continue du
Québec.
Bien que l’EM, communément
appelée syndrome de fatigue chronique (SFC)¹ , soit considérée
comme une maladie neurologique
depuis 1969 et qu’un consensus
international des critères diagnostiques ait été publié en 2011 par
Carruthers et ses collaborateurs, ce
syndrome est toujours méconnu du
monde médical et de la réadaptation. Il est important de bien comprendre ce syndrome avant d’aborder le rôle clé de l’ergothérapeute
auprès de cette population.
CRITÈRES DIAGNOSTIQUES SELON
LE CONSENSUS INTERNATIONAL
(Carruthers et coll., 2011)
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Les caractéristiques principales de
ce syndrome sont les suivantes :
1. Épuisement neuro-immunitaire
post-exercice (ENPE);
EM
2. Troubles neurologiques;
3. Déficience immunitaire;
4. Problème de production d’énergie - trouble du transport ionique
cellulaire.
ÉPUISEMENT
NEURO-IMMUNITAIRE POST-EXERCICE (ENPE)
Il est primordial de bien comprendre l’ENPE pour avoir du
succès dans la réadaptation et pour
distinguer l’EM des autres conditions où il y a présence d’une
fatigue invalidante. Une étude
réalisée en 2007 par Van Ness, Snell
et Stevens, qui fut par la suite
confirmée par d’autres recherches
(Snell, Stevens, Davenport et Van
Ness, 2013; Keller, Pryor et
Giloteaux, 2014) suggère la nécessité pour les personnes souffrant
d’EM de respecter leurs limites
énergétiques sous peine d’aggraver
leur condition. L’évaluation des
capacités aérobiques et du seuil
anaérobique durant deux journées
consécutives permet d’observer
une diminution de la fréquence
cardiaque maximale, un apport
déficient d’oxygène aux muscles et
un «(…) seuil anaérobique et un
effort maximal à un niveau beaucoup plus faible de consommation
d’oxygène selon le Protocole de
Stevens (…) » (Snell et coll., 2013)
chez les gens souffrant d’EM.
Lorsque ce seuil est dépassé, on
constate une exacerbation des
symptômes suivants : fatigue,
douleur, inflammation et troubles
cognitifs. De plus, au deuxième jour
d’évaluation, la performance est
significativement réduite avec une
réponse de récupération atypique
se prolongeant d’au moins 48
heures; une baisse pouvant aller
jusqu’à 50% de leur capacité à
produire de l’énergie ainsi qu’un
Erg-go! REVUE DES ERGOTHÉRAPEUTES DU QUÉBEC
malaise post-exercice sont aussi
fréquents.
Une évaluation exhaustive auprès
de cette clientèle est importante et
doit être suggérée au médecin
traitant lorsqu’un client a des
difficultés à faire valoi