Montréal pour Enfants vol. 17 n°5 Automne 2017 | Page 7

Des mots qui font du bien Au Québec, la promotion de la lecture chez les enfants en bas âge vise souvent à prévenir les troubles de lan- gage ou d’apprentissage. Il n’en reste pas moins que de nombreux psychologues, dont Nathalie Couture, auteure de plusieurs livres pratiques pour enfants orientés vers des problématiques ciblées (anxiété, timidité, séparation parentale), considèrent que le livre et la littérature en général peuvent aussi donner un bon coup de pouce aux enfants en ce qui a trait à la gestion de leurs émotions et même de leurs rapports sociaux. Selon madame Couture, « Le fait d’être en contact très tôt avec les livres peut aider sur le plan du développement du langage de l’enfant, parce que tous ces petits livres parlent aussi des émotions, ils aident à apprendre à se connaître. Il y a des livres comme Monsieur colère, Monsieur ci, Monsieur ça. Cela les aide déjà à comprendre des concepts sur le plan de l’estime de soi. Et on sait déjà que le déve- loppement du langage, sur le plan cognitif, aide à se connaître, à pouvoir s’exprimer clairement. Plus un enfant va avoir des capacités langagières, plus il va être capable d’introspection, de se projeter dans l’avenir, de faire des déductions et des inférences. Alors il est certain que cela peut aider dans son déve- loppement général. Si on ressent des émotions et que l’on n’est pas capable de mettre des mots dessus, on reste pris avec. Il y a des enfants qui arrivent à dire : “Je suis en colère par ce que tel ami m’a pris mon jouet.” On peut alors lui montrer plus rapidement à aller voir l’ami pour lui dire “C’est mon jouet, j’aimerais que tu me le redonnes.” » Et même si, à la base, l’enfant doit s’initier à plu- sieurs mots inconnus, les experts qui travaillent avec les enfants d’âge préscolaire et les préadolescents, qui ont pris l’habitude d’ouvrir des livres durant leurs séances, sentent que ces enfants sont souvent plus à l’écoute du rythme, de la poésie des mots. Ils accèdent aussi plus facilement aux ressources imaginaires que les autres enfants qui perdent cette capacité vers 7 ans, lorsqu’ils maîtrisent mieux des concepts plus abstraits : « Lui, le monde magique, il y croit ou il veut y croire. Donc, on peut d’autant plus s’en servir pour l’amener à cheminer. Les adultes vont être plus réticents. Ils vont dire “Ça ne se peut pas”. Leurs côtés concret et rationnel vont parfois prendre le dessus et il devient impossible de les amener dans ce monde qui peut s’avérer très utile pour cheminer. Il faut donc faire preuve de flexibilité et lâcher-prise. Il suffit de se laisser aller pour trouver des solutions dans le but de changer. L’enfant va le faire plus facilement que l’adulte. Les enfants sont encore en développement, en construction, donc,