Montréal pour Enfants vol. 17 n°3 Été 2017 | Page 6

6 vie de famille www.montrealpourenfants.com Entre le rythme solo et la recomposition du bonheur Comment parvenir à l’harmonie familiale recomposée à partir de ses repères de célibataire sans enfant ? Par MARIE-HÉLÈNE PROULX De nos jours, contrairement aux contes de fées d’autrefois, il peut arriver que la phrase de fin « ils eurent beaucoup d’enfants » arrive avant même que ne commence le récit amoureux. Mais la suite n’en reste pas moins pleine de rebondissements, surtout lorsqu’on décide de s’aventurer, hors de ses repères de chevalier solitaire, dans un monde où notre grand amour et quelques petits lutins vivent déjà selon leurs propres règles. Grandir à l’ombre des mythes Et même si le temps passe, les contes d’autrefois recèlent quelques images encore trop vivantes dans l’esprit des enfants et de leur entourage, lorsqu’il s’agit de définir le rôle de beau-parent dans les contextes de recomposition actuels. Lors de ses recherches sur la représentation des beaux-pères, Marie-Christine Saint-Jacques a pu observer, à partir de mises en situation, que, devant la description d’une même situation ambiguë, les beaux-pères sont soupçonnés nettement plus souvent d’abus sexuel que les pères. Mais les chercheuses ren- contrées s’entendent toutes sur le fait qu’un regard encore plus sévère est porté sur les belles-mères : « l’instinct maternel » manquerait à l’appel, lorsqu’il s’agit d’interagir avec les enfants de son conjoint. « Si je regarde une mère qui s’impatiente avec son enfant, je peux vous dire qu’elle s’est impatientée parce que c’est difficile d’avoir de jeunes enfants. Mais on sait que si c’est une belle-mère, la chose qui va ressortir est que “Ça paraît que ce ne sont pas ses enfants”», explique Mme Saint-Jacques. Ces stéréotypes peuvent aussi finir par influencer les comportements bien concrets des parents qui, selon l’enseignante en santé mentale Pascale Reny, sont prêts à modifier leur comportement en grande partie afin de se dissocier de ces stéréotypes, surtout en début de relation. Ce qui peut signifier, pour les hommes, de se « mêler de leurs affaires » et d’éviter les liens trop chaleureux avec les enfants, tandis que du côté de la femme : « Le spectre de la belle- mère, ce serait de se pré- occuper des goûts et des besoins (parce que ce sont encore malheureusement les soucis des femmes  : tout ce qui est nourriture et aménagement de la maison) uniquement en fonction des goûts des enfants pour ne pas les contrarier. » Bien que cette tendance à se conformer à l’image la plus relui- sante possible de soi auprès de la petite famille puisse partir d’une très bonne intention, les cher- cheurs observent que le beau- parent risque alors de se perdre de vue, et de ne plus trouver plaisir à ce qu’il fait à force de se plier aux désirs des autres, et de sentir que, de toute façon, on ne