Montréal pour Enfants vol. 17 n°2 Printemps 2017 | Page 41

chacune de nos réparties suscite en eux de nouveaux arguments. En utilisant sans cesse la même phrase neutre, vous tuez dans l’œuf les possibilités de prolonger la conver- sation, et vous n’avez plus à trouver vous-même d’autres suggestions ou à jouer à l’avocat. C’est beau- coup moins exigeant, croyez-moi. Évidemment, vous devrez tenir votre bout, et vraisemblablement, cela vous paraîtra difficile au début, car les enfants ont une ténacité à toute épreuve, mais vous y arriverez avec un peu de pratique et beaucoup de constance. Personnellement, j’ai eu énormément recours au disque rayé quand les filles étaient petites, et maintenant cela m’est presque devenu inutile, car mes enfants ont compris, grâce à ça, que lorsque je dis non, c’est non. Je peux donc me limiter à ce simple mot et ne recevoir aucune remarque en retour. La réflexion… Il faut dire qu’en parallèle à l’usage du non, je me donne aussi toujours la possibilité de réfléchir avant de répondre à une question. Ainsi, si je dis NON, c’est le résultat d’un véritable processus décisionnel, et mes enfants en sont très conscients. Une autre de mes phrases fétiches est donc, tout simplement  : «  Je réfléchis. » J’ai le réflexe de ne jamais répondre immédiatement aux ques- tions. Si mes enfants me font une demande et que le moindre doute émerge à mon esprit, irrémédiable- ment, j’annonce que je réfléchis (et j’utilise la même technique lorsque j’enseigne). Si je prévois cogiter plus de quelques secondes, j’indique carrément à l’enfant concerné le laps de temps dont j’aurais besoin pour en venir à une conclusion (5 minutes, 1 heure, 2 jours…). Je lui donne aussi la responsabilité de revenir me voir à ce moment-là, ce qui laisse transparaître l’importance de sa demande pour lui, car si ce n’est pas essentiel, je sais que je n’en entendrai plus jamais parler. Les spéciaux… Vous me direz que je suis assez intransigeante dans mes interac- tions et que la souplesse (ou l’envie de ne pas être cohérente parfois) existe. Je suis bien d’accord ! C’est pourquoi il y a une autre phrase que j’affectionne particulièrement : « C’est un spécial ! » Mes enfants, même s’ils savent que je n’ai pas de difficulté à dire non, demeurent tout de même des êtres d’espoir. Aussi, il leur arrive de tenter d’obtenir des choses pour lesquelles ils essuient généralement un refus calme, mais sans équivoque. Mon cœur de mère, de temps à autre, a envie de déroger aux règles. Dans ces moments, j’opte pour ce genre de discours : — Maman, je veux (toute chose généralement proscrite)… — Je réfléchis… Quelques secondes plus tard : — OK, je veux bien, mais c’est un spécial. Et tu sais ce que cela veut dire un spécial ? (regard perçant, droit dans les yeux de l’enfant, avec un air solennel) — Oui, ça veut dire que c’est juste pour maintenant. — Parfait, et qu’est-ce qui va arriver si jamais tu me le redemandes demain ou dans un avenir proche (à préciser selon vos envies et votre tolérance) ? Il n’y aura plus jamais de spécial ! As-tu bien compris ? (air sérieux, ton sans équivoque) — Oui ! — Parfait, alors tu as ton spécial aujourd’hui, mais je ne veux plus que