Montréal enSanté V8N3 Été/Summer 2016 | Page 28

COMMUNAUTÉ • COMMUNITY
g Fixer des objectifs et les atteindre est un mode de vie pour un athlète . M me Petitclerc ne voit pas pourquoi son séjour à Ottawa devrait être différent . « Avec l ’ athlétisme , après tant d ’ années de dévouement et de détermination , vous comprenez à quel point gagner une médaille est un immense accomplissement . Mais ça , c ’ est quantitatif », dit-elle . « Faire ce que je voulais faire en demeurant la personne que je voulais être , ça , c ’ était vraiment important . Atteindre ses objectifs , oui , mais vous devez pouvoir vous regarder dans le miroir . »
Pour ce qui est du défi d ’ être une femme athlète , en plus d ’ être en fauteuil roulant , M me Petitclerc admet que ce n ’ était pas facile . « Trouver un seul modèle ou mentor féminin , surtout en athlétisme , était impossible », dit-elle . « Aujourd ’ hui , les adolescentes ont six fois plus tendance à laisser de côté le sport que les garçons . Les femmes ont besoin de quelque chose de différent . Avoir des entraîneurs féminins pourrait aider , mais il reste encore beaucoup de travail à faire . »
Une des tâches reliées à ce travail est de parler aux jeunes filles et jeunes femmes qui l ’ approchent dans la rue . « Il y a des rencontres émotionnelles avec des filles qui sont en processus d ’ adaptation au fauteuil roulant . Elles sont heureuses d ’ entendre quelques mots provenant de quelqu ’ un qui peut comprendre », dit-elle . « Puis , il y a les personnes qui n ’ ont pas de handicap et qui veulent simplement me rencontrer et me dire merci . Lorsque d ’ autres athlètes me demandent des conseils relatifs à l ’ entraînement , c ’ est un accomplissement pour moi , car ils me voient comme leur égale . C ’ est le but , d ’ être tous égaux , et je le suis . »
TOUR DE FORCE
Trois femmes , trois histoires de triomphe contre l ’ adversité

Au printemps 1979 , la révolution avait transformé l ’ Iran qui passa d ’ une monarchie sous Shah Mohammad Reza Pahlavi à une République islamique sous le règne de Ayatollah Khomeini . La vie allait devenir austère pour tous ceux qui étaient habitués à une certaine forme de liberté . Roza Mohammadi avait 11 ans en 1979 . « Je me souviens de plusieurs manifestations , de la violence , des tanks dans la rue qui roulaient simplement sur les gens , et des hôpitaux et magasins qui se faisaient saccager . C ’ était terrifiant », se rappelle aujourd ’ hui M me Mohammadi , 37 ans plus tard .

En 1980 , Roza et son frère ont dit adieu à leur famille et sont partis vers le pays voisin , le Pakistan . « Mes parents avaient fait des arrangements pour nous faire sortir du pays clandestinement pour atteindre Karachi . Nous n ’ avions que les vêtements sur notre dos . »
La première nuit , les jeunes ont dormi dans un entrepôt infesté de rats tout près de la frontière . À Karachi , abandonnés par leur contact , ils durent passer sept mois chez une famille qui les força à travailler . « Nous étions essentiellement des esclaves », dit-elle . « Nous devions faire toutes leurs petites tâches et n ’ avions jamais la permission de quitter la maison . »
Mais un jour , tout changea lorsqu ’ on frappa à la porte . La mère g
Chantal Petitclerc
gg accomplishment winning gold is . But that ’ s quantitative ,” she says . “ Doing what I wanted to do while remaining the person I wanted to be , that was very important . Accomplish your goals , sure , but you have to be able to look your self in the mirror .”
As for the challenges of being a female athlete , let alone one in a wheelchair , Ms . Petitclerc admits it wasn ’ t easy . “ Finding just one female role model or female mentor , especially in track and field , was impossible ,” she says . “ Today , teenage girls are six times more likely to give up on sports compared to boys . Women need something different . Female coaches would help , but there ’ s still a lot of work to do .”
Part of that work is taking time to speak with girls and young women who approach her on the street . “ There are emotional encounters with girls still adapting to life in a wheelchair . They appreciate a few words from someone who can relate ,” she says . “ And then there are the people without any disability who just want to meet me and say thank you . When other athletes ask me for training tips , it ’ s an achievement for me because I ’ m viewed as an equal . That ’ s the goal , to be equal , and I am .”
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