Montréal enSanté V8N2 Printemps/Spring 2016 | Page 64

Le don du son

KARINA THÉORÊT DEVIENT LA PREMIÈRE PATIENTE EN AMÉRIQUE DU NORD À RECEVOIR UN NOUVEL IMPLANT AUDITIF EN CONDUCTION OSSEUSE
Par | By Stephanie Tsirgiotis

Alors que Karina Théorêt était encore toute petite , ses parents Stacey Hoirch et François Théorêt ont remarqué que son langage n ’ était pas au même niveau que celui des autres enfants de son âge . Le pédiatre de Karina les a rassurés en leur disant que c ’ était probablement parce qu ’ elle grandissait dans un milieu bilingue , et que les enfants dans son cas mettaient souvent plus de temps à parler . Mais au bout d ’ un moment , ses parents ont commencé à s ’ inquiéter , convaincus que quelque chose n ’ allait pas .

À l ’ âge de trois ans , Karina a été dirigée vers le département d ’ oto-rhino-laryngologie de l ’ Hôpital de Montréal pour enfants du Centre universitaire de santé McGill ( HME-CUSM ). Les médecins ont confirmé qu ’ elle présentait une perte auditive de l ’ oreille droite . Malheureusement , il n ’ y avait pas moyen de rétablir son audition . « Ce n ’ était pas une bonne nouvelle , mais nous étions rassurés de savoir quel était le problème », explique sa mère , Stacey .
Il n ’ y a pas de surdité dans la famille Hoirch-Théorêt . La famille s ’ est soumise à toute une batterie de tests génétiques pour découvrir la cause de la surdité de Karina ; mais les résultats furent assez peu concluants . Dès le début , la famille a décidé de ne pas traiter Karina différemment et de la laisser mener sa vie le plus normalement possible . « J ’ ai commencé à me rendre compte que j ’ étais partiellement sourde quand je suis entrée à l ’ école primaire , dit Karina . Mais ça ne m ’ a pas dérangé , parce que j ’ ai pensé que ça me rendait spéciale et différente . »
Karina a commencé à faire de la natation de compétition et elle excellait à l ’ école . Elle montrait un intérêt pour les études de médecine et elle pouvait passer des heures à lire un ouvrage médical sur l ’ appareil digestif . « Je ne pouvais pas le lâcher , dit-elle en riant . J ’ ai même regardé des vidéos d ’ opérations sur YouTube , et j ’ ai commencé à penser à devenir chirurgienne . » Même si l ’ école ne posait pas de problème à Karina , la présence en classe entraînait tout de même quelques frustrations . « Je devais toujours penser au meilleur endroit où m ’ asseoir pour m ’ assurer de bien entendre , dit-elle . Ou , je devais dire à mes amis de se placer sur mon bon côté ; autrement , je passais mon temps à leur demander de répéter , parfois jusqu ’ à trois fois avant de Dr . Sam Daniel and Karina Théorêt
Dr Sam Daniel et Karina Théorêt : comprendre . »
Quand Karina a eu 15 ans , sa mère a décidé de prendre un dernier rendez-vous à l ’ HME avant qu ’ elle devienne adulte . Elles ont alors rencontré l ’ audiologiste Anne-Marie Forget , qui leur a expliqué qu ’ il existait maintenant différents types de technologies sur le marché qui n ' étaient pas disponibles il y a une dizaine d ’ années . Elle leur a présenté quelques options et a pris rendez-vous pour Karina avec le Dr Sam Daniel , directeur du service d ’ oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale à l ’ HME .
Tous ignoraient que le Dr Daniel venait d ’ assister à une conférence où il avait découvert une nouvelle technique appelée « intervention Ponto à effraction minimale », ou MIPS selon l ’ acronyme anglais . Après avoir rencontré Karina , il s ’ est dit qu ’ elle serait une candidate idéale pour cette chirurgie . « L ’ intervention a été évaluée en Europe , mais c ’ est la première fois g
PHOTO : OWEN EGAN

The Gift of Sound

KARINA THÉORÊT BECOMES FIRST PATIENT IN NORTH AMERICA TO RECEIVE NEW BONE-ANCHORED HEARING IMPLANT

As a toddler , Karina Théorêt ’ s parents , Stacey Hoirch and François Théorêt , noticed that she wasn ’ t speaking at the same level as other children her age . Her pediatrician reassured them that it was probably the result of growing up in a bilingual home , and that such children usually take longer to speak . But as time went on , her parents began to fear that something was wrong .

At three years old , Karina was referred to the Otorhinolaryngology Department at the Montreal Children ’ s Hospital of the McGill University Health Centre ( MCH- MUHC ). Doctors confirmed that she was suffering from hearing loss in her right ear . Sadly , it could not be restored . “ It was hard news to hear , but we felt reassured to know what the real problem was ,” says her mother , Stacey .
Deafness does not run in the Hoirch- Théorêt family and the family underwent many rounds of genetic testing to find out the cause of Karina ’ s deafness ; all the results came back inconclusive . Early on , the family decided not to treat Karina any differently and go on with life as normally as possible . “ I only started to notice that I was partly deaf when I got to elementary school ,” says Karina . “ But it didn ’ t upset me because I thought it made me special and different .”
Karina started to swim competitively and she excelled in school . As a child , she became interested in studying medicine and would spend hours reading a medical book about the digestive system . “ I couldn ’ t put it down ,” she laughs . “ I even watched Youtube videos about surgeries and started thinking about becoming gg
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