Montréal enSanté MES V10N1 Hiver/Winter 2018 | Page 131

ALIMENTS SANTÉ • NUTRITION • HEALTH g
Aux gens provenant d ’ un héritage autochtone , ou à ceux avec un passé d ’ immigration ? Nos grands-mères représentent une grande variété de cultures alimentaires , et c ’ est sans compter nos grands-pères , dont plusieurs étaient également actifs dans les cuisines et les jardins . Bref , « faites comme grand-maman » n ’ est pas vraiment possible .
Un des grands problèmes de vouloir retourner en arrière de quelques générations est que même si cela était possible , nos ingrédients , nos outils et les « paysages alimentaires » ne suivraient pas . Les goûts que nous aimons et connaissons , les aliments auxquels nous avons accès et les exigences de nos vies sont forcément liés à notre contexte contemporain . Bien sûr , cela ne veut pas dire que nous ne devons manger que des légumes en conserve , des condiments tendance et des filets sans peau , sans os , enrobés de plastique . Mais le passé n ’ était pas une sorte d ’ utopie culinaire , et notre seul choix est d ’ opérer dans le présent . Comme le savant culinaire Warren Belasco a écrit , combiner des éléments du passé avec le présent est plus enclin à créer un « futur culinaire recombiné » sain et délicieux .
Il y a toutefois un grain de vérité dans le « principe grand-maman », mais celle-ci doit être extraite de la rhétorique . Les générations précédentes étaient plus écologiques dans leur façon de cuisiner , ou peutêtre plus zen si vous optez pour l ’ interprétation populaire . En d ’ autres mots , elles étaient plus attentives à l ’ unité dans leurs façons d ’ acheter , de préparer , de servir et de jeter la nourriture . En prêtant attention à ce qui était offert en magasin , ce qui était rangé dans les armoires et ce qui était nécessaire pour la famille , elles économisaient du temps et de l ’ argent et généraient moins de déchets et plus de satisfaction . C ’ est ce que l ’ on peut apprendre de nos grands-parents : se sentir en harmonie avec la nourriture .
Les anthropologistes culinaires nomment ces aptitudes qui font partie de notre cuisine la « connaissance tacite ou mentalement manuelle ». Nos corps sont des enregistreurs de culture culinaire — ce n ’ est pas seulement les livres et les sites Web qui entreposent des recettes . Si vous avez déjà observé vos grands-parents cuisiner , vous comprendrez cela immédiatement . Nos aînés cuisinaient souvent au « feeling » et à l ’ intuition , et moins souvent avec des mots et des mesures .
Il est impossible de retourner vers un passé culinaire plus simple et sain , même si le présent ne semble pas particulièrement prometteur . Alors , au lieu d ’ essayer de cuisiner comme la version idéale de grandmaman , changeons plutôt de direction . Pour créer une alimentation diverse et nutritive aujourd ’ hui , essayons de cuisiner comme le feront nos petits-enfants — ou du moins , comme nous aimerions qu ’ ils le fassent . M gg People of indigenous heritage , or those with immigrant experience ? Our grandmothers represent a pretty wide range of food cultures , and that ’ s not to mention our grandfathers , many of who were also active in kitchens and gardens . Put simply , “ do it like grandma did ” is not very feasible .
A major issue with trying to skip backwards a couple of generations is that even if we could , our ingredients , tools , skills , and foodscapes wouldn ’ t come with us . The tastes that we know and like , the foods to which we have access , and the other demands in our lives are all indelibly linked to our contemporary context . This doesn ’ t mean we should only eat canned vegetables , trendy condiments , and boneless , skinless , plasticwrapped filets , of course . But the past was not some kind of food utopia , and our only choice is to operate in the now . As food scholar Warren Belasco has written , combining some of the past with all of the present is the most likely way to create a healthful and delicious “ recombinant future ” of food .
There is , however , a grain of truth in the “ Grandma rule ”, but it needs to be extracted from the rhetoric . Previous generations were more ecological in their food making , or maybe more Zen , if you take a pop interpretation . In other words , they were more attentive to the unity of the ways they bought , made , served , and disposed of food . By paying close attention to what was available in the shop , what was stored in the cupboard , and what was needed by the family , they saved money and time , created less waste , and generated more satisfaction . This is what we can learn from our grandparents : sensing oneness with our food .
Food anthropologists call this the “ tacit knowledge ” or “ mentally manual ” skills that are part of cooking and eating . Our bodies are recording devices for food culture — it ’ s not only cookbooks and websites that store recipes . If you have ever stood next to your grandparent while he or she is cooking , you will understand that immediately . Our elders often cook by feel , smell , and intuition , and less often by words and measures .
There ’ s no going back to simpler and healthier food times , even if the present doesn ’ t seem particularly hopeful . So instead of striving to cook like our ideal version of Grandma , let ’ s reverse direction . For delicious and nutritious food right now , let ’ s try to do it like our grandchildren will — or the way we want them to in the future . M
David Szanto est un chercheur alimentaire montréalais , auteur et collaborateur de longue date de ce magazine . Cet article est la troisième partie d ’ une série de quatre sur l ’ innovation dans la recherche et l ’ apprentissage alimentaire . David Szanto is a Montreal-based food researcher , writer , and long-time contributor to this magazine . This article is the third of a four-part series on innovation in food research and learning .
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