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CULTURE
Fidelio, le sens
du partage
Vous exprimez un goût prononcé
pour la dramaturgie et la mise en
scène. On suppose que la présence
des ateliers de l’opéra constitue un
argument supplémentaire.
Quand on sait que des équipes sont
encore dédiées aux costumes, aux
chaussures, aux chapeaux et aux
perruques, mais aussi à tous les
accessoires, c’est vraiment incroyable !
Après, il ne faut pas oublier qu’on
dispose à l’OnR d’un autre outil
magnifique : le chœur. Il est constitué
par des artistes qui se situent au top
niveau. Cet effectif augmente les
capacités musicales et scéniques au sein
de l’opéra. Tout me semble positif.
Nous devrons nous montrer patients
jusqu’au moment de révéler le
programme de saison, mais peut-on
en connaître les axes d’orientation ?
Ce qui me semble important c’est de
montrer la diversité et la vivacité de
l’opéra aujourd’hui. Une pièce qui
intègre du Purcell ou du Monteverdi
peut être aussi bouleversante qu’un
opéra écrit par un compositeur
d’aujourd’hui. C’est le cas également
pour une relecture d’une pièce de
Mozart ou la découverte d’une œuvre
inconnue de Verdi. L’écriture musicale
varie d’un pays à l’autre, et je trouve
cela extrêmement fascinant. Ce qui
m’intéresse c’est de montrer comment
l’opéra s’est constamment réinventé avec
de nouvelles couleurs et de nouveaux
thèmes. En peu de mots, comment il
s’attache à de nouvelles émotions.
Giusi Pajardi, présidente de
l’association Fidelio, est une cliente
du salon de Yannick Kraemer
« depuis la nuit des temps ». Avec
des amis communs, elle a décidé
de lui faire découvrir l’opéra parce
qu’elle a perçu en lui un « amour
de la beauté ». « Peut-être le savez-
vous, nous interroge-t-elle, mais il
porte un intérêt particulier pour la
peinture contemporaine. Sur les
plans personnel et professionnel,
je sens chez lui une admiration
constructive pour le beau. » De cette
rencontre de Yannick avec l’opéra
est né un partenariat entre l’Opéra
du Rhin et le groupe Kraemer. La
relation qui s’est engagée depuis
quelques années déjà est jugée
« idéale » par Giusi qui considère
« Yannick Kraemer comme l’exemple
d’un entrepreneur avec une vision
globale ». La démarche qu’elle a
entreprise auprès de Yannick est
révélatrice de ce qu’elle cherche à
mettre en place avec les entreprises
partenaires de l’OnR. Bien sûr, il
s’agit de récolter des fonds pour
soutenir les productions, mais mieux
que cela, il s’agit de sensibiliser à
l’opéra non seulement comme art,
mais plus encore comme lien. La
musique est pour elle un « facteur
de culture, de cohésion sociale et
de développement économique ».
En retour, « des synergies peuvent
naître qui font que l’entreprise
devient à son tour facteur de
développement dans le domaine
culturel. » On retrouve là le rôle du
mécène tel qu’il s’est forgé « depuis
la Rome antique », nous dit notre
interlocutrice milanaise non sans un
brin de malice.
Le rayonnement de l’Opéra du Rhin
se construit avec le bel outil dont elle
assure la présidence autour d’un rôle
qu’elle qualifie de « facilitatrice » :
l’association Fidelio, en charge de
rassembler les amateurs d’arts
lyrique et chorégraphique désireux
d’apporter leur soutien. « Nous
cherchons à augmenter le nombre de
membres individuels qui s’engagent
parce qu’ils croient en cette valeur
culturelle. » Bien sûr, les avantages
sont nombreux : des places réservées
– même tardivement –, un placement
privilégié sur les très prisés Dîners
sur scène, la découverte du décor
et des rencontres avec les artistes,
des visites et des invitations à des
répétitions. Mais au-delà de cela, ce
qui se joue là c’est bien l’ouverture
d’une institution comme l’OnR sur
la ville de Strasbourg, « poumon
d’initiatives culturelles » selon Giusi
Pajardi.
Ce « dialogue » entre institution
culturelle et entreprise est révélateur
d’une volonté affichée : celle de
faciliter des « comportements
socialement responsables ». Elle
nous précise le fond de sa pensée :
« Il est nécessaire de susciter
un engagement citoyen vis-à-
vis de ces valeurs d’humanité
qui sont nées bien avant nous et
qui perdureront bien au-delà.
À ce titre, nous contribuons à
préserver, voire à consolider, un
patrimoine. » Ce qui lui importe
– elle se montre particulièrement
« reconnaissante » –, c’est que l’OnR
s’adresse « à tout le monde ». Et de
nous donner un exemple concret,
au moment où elle se retrouve
assise à côté d’enfants lors d’une
représentation qui leur est destinée :
« J’étais au milieu de ces mômes et je
mesurais leur enthousiasme. Je me
suis revue toute petite quand j’allais
à la Scala. Mais surtout, je nous
voyais ensemble dans un langage
commun qui dépasse les paroles. Ce
qui me semble le plus important est
là : nous retrouver ensemble. »
Fidelio
operanationaldurhin.eu
(Rubrique Soutenir l’Opéra)
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