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50 CULTURE Fidelio, le sens du partage Vous exprimez un goût prononcé pour la dramaturgie et la mise en scène. On suppose que la présence des ateliers de l’opéra constitue un argument supplémentaire. Quand on sait que des équipes sont encore dédiées aux costumes, aux chaussures, aux chapeaux et aux perruques, mais aussi à tous les accessoires, c’est vraiment incroyable ! Après, il ne faut pas oublier qu’on dispose à l’OnR d’un autre outil magnifique : le chœur. Il est constitué par des artistes qui se situent au top niveau. Cet effectif augmente les capacités musicales et scéniques au sein de l’opéra. Tout me semble positif. Nous devrons nous montrer patients jusqu’au moment de révéler le programme de saison, mais peut-on en connaître les axes d’orientation ? Ce qui me semble important c’est de montrer la diversité et la vivacité de l’opéra aujourd’hui. Une pièce qui intègre du Purcell ou du Monteverdi peut être aussi bouleversante qu’un opéra écrit par un compositeur d’aujourd’hui. C’est le cas également pour une relecture d’une pièce de Mozart ou la découverte d’une œuvre inconnue de Verdi. L’écriture musicale varie d’un pays à l’autre, et je trouve cela extrêmement fascinant. Ce qui m’intéresse c’est de montrer comment l’opéra s’est constamment réinventé avec de nouvelles couleurs et de nouveaux thèmes. En peu de mots, comment il s’attache à de nouvelles émotions. Giusi Pajardi, présidente de l’association Fidelio, est une cliente du salon de Yannick Kraemer « depuis la nuit des temps ». Avec des amis communs, elle a décidé de lui faire découvrir l’opéra parce qu’elle a perçu en lui un « amour de la beauté ». « Peut-être le savez- vous, nous interroge-t-elle, mais il porte un intérêt particulier pour la peinture contemporaine. Sur les plans personnel et professionnel, je sens chez lui une admiration constructive pour le beau. » De cette rencontre de Yannick avec l’opéra est né un partenariat entre l’Opéra du Rhin et le groupe Kraemer. La relation qui s’est engagée depuis quelques années déjà est jugée « idéale » par Giusi qui considère « Yannick Kraemer comme l’exemple d’un entrepreneur avec une vision globale ». La démarche qu’elle a entreprise auprès de Yannick est révélatrice de ce qu’elle cherche à mettre en place avec les entreprises partenaires de l’OnR. Bien sûr, il s’agit de récolter des fonds pour soutenir les productions, mais mieux que cela, il s’agit de sensibiliser à l’opéra non seulement comme art, mais plus encore comme lien. La musique est pour elle un « facteur de culture, de cohésion sociale et de développement économique ». En retour, « des synergies peuvent naître qui font que l’entreprise devient à son tour facteur de développement dans le domaine culturel. » On retrouve là le rôle du mécène tel qu’il s’est forgé « depuis la Rome antique », nous dit notre interlocutrice milanaise non sans un brin de malice. Le rayonnement de l’Opéra du Rhin se construit avec le bel outil dont elle assure la présidence autour d’un rôle qu’elle qualifie de « facilitatrice » : l’association Fidelio, en charge de rassembler les amateurs d’arts lyrique et chorégraphique désireux d’apporter leur soutien. « Nous cherchons à augmenter le nombre de membres individuels qui s’engagent parce qu’ils croient en cette valeur culturelle. » Bien sûr, les avantages sont nombreux : des places réservées – même tardivement –, un placement privilégié sur les très prisés Dîners sur scène, la découverte du décor et des rencontres avec les artistes, des visites et des invitations à des répétitions. Mais au-delà de cela, ce qui se joue là c’est bien l’ouverture d’une institution comme l’OnR sur la ville de Strasbourg, « poumon d’initiatives culturelles » selon Giusi Pajardi. Ce « dialogue » entre institution culturelle et entreprise est révélateur d’une volonté affichée : celle de faciliter des « comportements socialement responsables ». Elle nous précise le fond de sa pensée : « Il est nécessaire de susciter un engagement citoyen vis-à- vis de ces valeurs d’humanité qui sont nées bien avant nous et qui perdureront bien au-delà. À ce titre, nous contribuons à préserver, voire à consolider, un patrimoine. » Ce qui lui importe – elle se montre particulièrement « reconnaissante » –, c’est que l’OnR s’adresse « à tout le monde ». Et de nous donner un exemple concret, au moment où elle se retrouve assise à côté d’enfants lors d’une représentation qui leur est destinée : « J’étais au milieu de ces mômes et je mesurais leur enthousiasme. Je me suis revue toute petite quand j’allais à la Scala. Mais surtout, je nous voyais ensemble dans un langage commun qui dépasse les paroles. Ce qui me semble le plus important est là : nous retrouver ensemble. » Fidelio operanationaldurhin.eu (Rubrique Soutenir l’Opéra) + 33 (0)3 68 98 75 34 [email protected]