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Tentations de la mer en revanche on aperçoit une longue maison blanche à la façade haute et rigoureuse, rythmée de balcons fermés à moucharabiehs bleu outremer, surmontée de tuiles vernissées de couleur vert foncé. 40 Ces caractéristiques vont guider l’architecture locale, cette construction fait école. Concernant les matériaux et le répertoire du décor intérieur, les préférences du Baron d'Erlanger vont, plus volontiers, aux traditions andalouses maghrébines avec une prédilection particulière pour l’arabesque géométrique. Toutefois, on peut déceler dans cette décoration intérieure raffinée un mélange d'art araboandalou, espagnol et italien. La femme du Baron est italo-américaine et joue un rôle important dans l’aménagement intérieur de ce palais de 2200 m2. L’ensemble, au final, dégage une impression de pureté des formes autant qu’une grande sobriété chromatique avec des beiges et des orangés prédominants Le Baron, qui a une vision urbanistique prospective, obtient des autorités de l’époque que le village entier soit protégé avec le décret du 28 août 1915. Tout en assurant la protection du village, il impose le bleu et le blanc et interdit toute construction anarchique sur le promontoire. Ce peintre, musicologue et grand orientaliste qui a étudié à l’Académie Julian de Paris et aime peindre des paysages, des portraits et des scènes de rue s’entoure de musiciens de l’époque, s’initie au Qanun (instrument à cordes pincées) et s’intéresse également aux traités musicaux arabes du Moyen Âge. Son projet est de rassembler tous les écrits et même des textes anciens sur la musique arabo-andalouse et arabo-berbère. Il entame une traduction française de ces traités ainsi que la collecte et la transcription des répertoires musicaux de son époque. Ses travaux et son intérêt pour la musique sont d’une importance telle que le roi Farouk d’Egypte le charge de la préparation du premier congrès de la musique arabe qui se tient du 28 mars au 3 avril 1932. Erlanger y travaille avec l’aide de musiciens tunisiens et proche-orientaux. Malheureusement, sa santé ne lui permet pas de se rendre au Caire pour participer au congrès et il décède le 29 octobre de la même année. En 1987, ses cendres sont déplacées à Montreux et ses descendants vendent le palais et le domaine au gouvernement tunisien, qui le convertit en un Centre des musiques arabes et méditerranéennes, inauguré en novembre 1992. Le palais est donc désormais le lieu de concerts, d'expositions et de colloques ; une partie constitue un musée où sont présentés des instruments de musique issus de la collection du baron. Il abrite également une phonothèque et un atelier de lutherie. Page de gauche Salle de réception au mobilier exceptionnel choisi par Madame la comtesse d'Erlanger née comtesse Maria Elisabetta Cleofee Scolastica Barbiellini Amidei et dont la mère était une Américaine Harriet Lewis. Remarquables stucs sur les murs. Page de droite Grand escalier central menant à la Galerie Belles voûtes portées par doubles colonnades.