Culture
1. contre plongée sur les balcons
soutenant la végétation
74
75
L
e « bosco verticale » (expression pouvant
être traduite par « bois vertical » en
français) est un complexe architectural
conçu et porté par le Studio Boeri
avec l'aide d'horticulteurs et de botanistes. Il est
constitué de deux tours d'habitations hautes de 76
mètres et 110 mètres, intégrées dans un projet de
renouvellement urbain du quartier de Porta Nuova
à Milan, en Italie. Ces deux tours ont été primées
par le prestigieux International Highrise Award
2014. Le projet Bosco Verticale s’est vu décerner en
2015 le premier prix du Best Tall Building Worldwide
par le Council on Tall Buildings and Urban Habitat
organisé par l’Illinois Institute of Technology de
Chicago. Leur originalité est d’abriter sur les balcons
de chaque façade une véritable forêt d'arbres et
d'arbustes, sans oublier insectes et oiseaux.
Stefano Boeri, le concepteur de Bosco Verticale
est également l’un des auteurs du Masterplan de
l’Exposition universelle Milan 2015. C’est en 2008,
de retour de Harvard où il enseigne et de Dubaï où
il construit, que Stefano Boeri a imaginé sa Forêt
verticale, prémisse de la cité verte dont il rêve.
Sollicité tant en Italie qu’à l’étranger, l’architecte
milanais a également créé les plans du port de
Doha au Qatar, de la Villa Méditerranée à Marseille et
de l’ancien arsenal de La Maddalena en Sardaigne.
Le pari de Stefano Boeri, signataire du projet, a
consisté à planter l'équivalent d'un hectare de
forêt sur les balcons des deux tours, bâties en
plein centre-ville. Presque 900 arbres, mais aussi
des milliers d'arbustes et de petites plantes ont
été cultivés dans des pépinières avant d'être hissés
par une grue avec leur motte de terre jusqu'à leur
balcon de destination.
Bosco verticale reprend le concept de l’immeuble
écologique – panneaux solaires et exploitation de
l’énergie géothermique – mais va plus loin, prenant
la forme de véritables poumons verts verticaux
explorant de nouvelles formes de synergie mêlant
architecture et botanique.
Chaque logement dispose d’un jardin privatif qui
protège l’espace de vie intérieur de la pollution
acoustique, des particules de poussière et
des vents violents. Sur les toits, des panneaux
photovoltaïques contribuent à l’autosuffisance
du complexe, tandis que les eaux pluviales sont
filtrées et réutilisées pour irriguer l’ensemble de la
gigantesque flore.
En outre, dans le cadre de la régénération de
la région, les routes principales et des aires de
parking ont été construites sous terre, laissant la
place à une zone piétonne de 160.000m² intégrant
verdure, places publiques et ponts.
Ces tours enrichissent la biodiversité végétale et la
faune de la ville qui les accueille puisque l’architecte
assure que les oiseaux, les chauves-souris, autres
insectes et invertébrés devraient avoir de quoi se
nourrir et se loger au milieu des 21000 plantes
présentes. Et pour pallier aux parasites et autres
pucerons, un lâchage de 1200 coccinelles et autres
papillons a même été réalisé.
Le gain pour Milan est extraordinaire, le défi relevé
par Stefano Boeri a tenu ses promesses. Les 5
millions de Milanais font partie des Européens les
plus touchés par la pollution. Avec un espace vert
ne représentant que 4 % de sa superficie, Milan
se dote ainsi d’un poumon vert qui atténuera
sensiblement la pollution urbaine, palliera à
l’étalement urbain et limitera les nuisances sonores.