L’économie circulaire : considérations fondamentales par Jean Lamesch L économie circulaire considérations fondamentale | Page 6

Si le zéro-waste est illusoire, mentionnons toutefois qu’une minimisation des déchets se justifie amplement sur d’autres plans, p.ex. pour arrêter la pollution des océans en matières plastiques. Sharing economy Le mot de sharing economy est à la mode, même si la pratique de la mutualisation est vieille comme le monde. La sharing économy ne sera jamais scalable, tout comme le zéro waste ne sera jamais zéro (Je ne parle pas ici des effets économiques, mais des effets circulaires). Elle ne se généralisera pas à 100% et n’aura d’effets que sur le court terme. En voici un exemple, si le car-sharing diminuait le nombre des voitures mondiales, disons de moitié, cela aurait des effets positifs à court terme (moins de CO2 et d’engorgements), mais sur le long terme, les problèmes continueraient comme avant, à ceci près qu’ils auraient été recalés de 25 ans en arrière, vers 1990, quand les voitures étaient moitié moins nombreuses que maintenant. La loi de Liebig généralisée et le Space Mining Au milieu du 19 e siècle, Justus Liebig a découvert une loi agraire fondamentale, dite loi des minima, ou encore loi des facteurs limitants, et qui dit que le rendement d'une culture agricole est limité par celui des éléments fertilisants qui le premier vient à manquer (avant tout dans le trio azote, phosphate, potassium). Ainsi, un déficit de phosphate ne peut être compensé par un sur-épandage d’azote ou de potassium. Cette loi se laisse généraliser pour s’appliquer à l’avenir de la planète et de ses ressources, de la façon suivante: La vie de notre civilisation technologique sera limitée par la ressource cruciale qui vient à manquer la première. L’identité de cette ressource cruciale est impossible à prédire aujourd’hui, mais les tables de l’USGS informent sur l’actuelle rareté relative des métaux et minéraux dans les gisements terrestres. On peut mettre la loi de Liebig généralisée en relation avec le space-mining. Ce dernier a un nombre d’avantages évidents, mais sa faiblesse réside dans une incertitude de principe. En effet, si le métal crucial X, ou le minéral Y en vient à manquer sur Terre, rien ne dit a priori qu’il existe dans notre système solaire un astéroïde économiquement accessible, donc sur une orbite Hohmann idoine, et qui détienne justement le X ou le Y déficitaire, et dans les concentrations et quantités requises. Dans le cadre du présent article, nous ne poursuivrons pas l’examen, pourtant passionnant, de ces volets du space-mining. En conclusion de la 1 e partie, force est de constater que les activités humaines ont pour résultat malencontreux de disperser les métaux, matériaux et combustibles sur l’entièreté de la surface de la planète, terres, océans et atmosphère. C’est la conséquence de la seconde loi de la thermodynamique qui veut que le désordre ne puisse qu’augmenter dans un système clos. Par ailleurs, on sait que la distribution géophysique des ressources minières de notre Terre est, malheureusement pour nous, en mode bimodal : la grande masse des ressources se trouve (par nature) sous forme dispersée, c’est à dire à concentration extrêmement faible, et une petite quantité sous forme concentrée, qui sont les mines et dépôts géologiques (loi de Skinner). Depuis l’ère industrielle, l’activité humaine progresse dans le mauvais sens, et opère un transfert des rares ressources concentrées vers les ressources diluées, vers la dispersion. Une plaquette de frein de voiture répand sa matière sur des milliers de km, idem une semelle, ou un réacteur d’avion. Les exemples précédents ont concouru à illustrer le thème du désordre grandissant des matières et ressources. Alors quoi ? L’avenir ne sera-t-il qu’une dystopie noire, la chronique d’une austérité annoncée ? 6