L’économie circulaire : considérations fondamentales par Jean Lamesch L économie circulaire considérations fondamentale | Page 5

Garanties , dates de péremption La réparation d ’ objets est entravée par le système de garanties . Par ailleurs , un tiers de la production alimentaire est jeté par suite de la réglementation irréfléchie de date de péremption . L ’ alimentation n ’ est pas seule dans cette situation . Ces différents points montrent la nécessité future d ’ un énorme chantier législatif , pour convertir la législation d ’ ennemie en alliée des ressources .
On peut être confiant qu ’ un jour ces difficultés juridiques disparaîtront , mais malheureusement , une barrière quasi insurmontable , technologique celle-là , se dresse sur le chemin de la ré-utilisation d ’ objets à long terme . Il s ’ agit du vieillissement des objets .
Vieillissement technologique Tous les matériaux et objets vieillissent au niveau microscopique , moléculaire . Le terme de « vieillissement », utilisé ici dans le sens de la science des matériaux , signifie l ’ altération progressive et indésirable des propriétés physiques des objets et des matériaux . Chaque matériau se détériore à sa façon . Le béton montre le phénomène de carbonatation . Les aciers vieillissent par le jeu des dislocations , l ’ alu idem , les plastiques s ’ oxydent , dépolymérisent ou recristallisent , comme p . ex . le nylon . Les panneaux solaires subissent des phénomènes de diffusion qui diminuent leur rendement . Ces détériorations , qui restent invisibles à l ’ œil nu , jusqu ’ au moment de la casse , se font à des vitesses très différentes , suivant leur nature et les conditions d ’ emploi , mais elles le font irréversiblement .
1.3 Des solutions qui ont toutes leurs limites
La mise à échelle , « scalability », une condition indispensable Pour un concept qui se revendique comme solution , la mise à échelle , donc la possibilité d ’ extrapolation à l ’ échelle planétaire , ( scalability en anglais ) est indispensable . Si un projet n ’ est faisable que localement , s ’ il ne se laisse pas généraliser à l ’ ensemble de la Terre , il ne peut prétendre au titre de solution . L ’ usine marémotrice de la Rance n ’ est pas scalable , faute d ’ endroits côtiers idoines en nombre suffisant , mais les éoliennes et les panneaux solaires le sont . Telle maison en bois se veut écologique , mais si les huit milliards de terriens en revendiquaient de pareilles , ils déforesteraient la planète en moins de rien . Le problème d ’ échelle sonne le glas pour beaucoup d ’ idées à première vue prometteuses .
Le Zéro Déchets / Zero Waste est un leurre ; la thermodynamique irréversible Le zéro waste est une illusion . D ’ aucuns ont tendance à confondre un taux réduit , disons de 5 %, avec Zéro Déchets . Dans le court terme , ces 5 % sont peut-être peu visibles , mais ils s ’ accumuleront quand même , à une vitesse 20 fois moindre il est vrai , mais in fine , ils ne feront que reculer les échéances 20 fois plus loin dans l ’ avenir . Dans ce contexte , on prétend des fois que nos ancêtres villageois ont vécu en mode zéro-waste . Pourquoi alors les archéologues trouvent-ils sur les sites de fouilles des décharges , et pourquoi le niveau de bon nombre de villes anciennes s ’ est-il élevé d ’ un mètre par siècle ? L ’ impossibilité de principe du Zero Waste réside , pour une bonne part , dans les déchets du recyclage même . En voici les dangers , décrits comme une série mathématique : Les déchets du ( recyclage des déchets du ( recyclage des déchets du ( recyclage …..))) deviendront au fil des siècles la menace principale vis-à-vis des ressources . Cette façon de formuler le problème met le doigt sur la cause profonde : les processus industriels se déroulent tous dans un temps court , et sont donc thermodynamiquement irréversibles , et par là , fatalement générateurs de déchets . You can ’ t unscramble eggs , disait Bertrand Russel .
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