L’économie circulaire : considérations fondamentales par Jean Lamesch L économie circulaire considérations fondamentale | Page 2

difficulté majeure , mais toujours oubliée . Elle vaut pour les matériaux autant que pour les objets . Le tri est impossible au-delà d ’ un certain niveau de finesse ou de ‘ granularité ’. La conséquence en est le downcycling .
Enoncé # 4 Tout ce qui ne peut être mis à échelle (« scalable ») ne saurait être appelé Solution . Une technologie applicable à un seul et unique environnement ne peut être retenue pour résoudre des problèmes généraux . Cet énoncé , évident par lui-même , donc une Lapalissade , est occulté la plupart du temps .
Enoncé # 5 La planète Terre est un « dépotoir indispensable » Cet énoncé , qui peut sembler iconoclaste , est en fait une conséquence de la thermodynamique . Le dépotoir est la condition de base d ’ un fonctionnement correct d ’ une future économie circulaire bien comprise . Le raisonnement qui mène à cet énoncé est développé au second chapitre .
A noter que cet article ne traitera que des aspects physiques à moyen et long terme de l ’ économie circulaire , et non pas des aspects économiques , qui sont en général à court terme .
Partie 1 The Shape of Things that Are 1.1 Le recyclage des matériaux est toujours imparfait
La meilleure façon de tirer des leçons des problèmes du recyclage est d ’ examiner des cas précis de matériaux , de préférence ceux utilisés à grande échelle .
Alu et Aciers Prenons le cas d ’ une canette en alu , - pour des raisons de simplicité pédagogique . Une canette est constituée de deux alliages différents d ’ alu , un corps en alu ductile pour permettre sa production par emboutissage , et un couvercle en alu cassant pour faciliter l ’ arrachage de la languette . Ces deux alu sont sertis si fortement qu ’ ils sont impossibles à séparer économiquement et sont donc recyclés et fondus ensemble . Donc , on obtient un aluminium bâtard , inapte à produire soit un nouveau corps , soit un nouveau couvercle . On est obligé d ’ ajouter 20 % d ’ aluminium pur ( sweetener ), fraîchement produit ex minerais . Conséquence : les canettes ne sont recyclables , par principe , qu ’ à raison de 80 %. Il en va de même avec bien d ’ autres métaux alliés , qui pour des raisons précises , sont impossibles à recycler , par principe , à 100 %. L ’ Acier ’ d ’ une voiture n ’ existe pas . En effet , le châssis est fait de tel type d ’ acier , le parechoc d ’ un autre , les ressorts d ’ un troisième , sans parler des aciers spéciaux divers et variés en petites quantités . Un acier pour carrosserie est inapte pour ressorts et inversement . Cette spécialisation d ’ alliages n ’ est pas une lubie de constructeur ou de design , mais une nécessité constructive . ( Idem pour une voiture en alu ou fibres de carbone ). Si on recycle le métal d ’ une voiture , on obtient un acier de qualité moyenne , car mélangé d ’ aciers différents , un acier moyen inapproprié pour de nouvelles carrosseries ou de nouveaux ressorts . Cette qualité moyenne est cependant suffisante pour des produits de qualité plus simple , poutrelles , poteaux . Il est vrai que ces recyclés diminuent les coûts , et surtout , ils réduisent en partie le recours aux minerais et aux hauts-fourneaux grands émetteurs de CO2 . Mondialement , le recyclage des aciers tourne autour de 60 %, une partie est perdue et dispersée , - et une troisième provient obligatoirement de minerais . En résumé , la part recyclée a l ’ avantage d ’ une diminution des émissions de CO2 , mais l ’ autre porte en germe le drame à long terme . La question de fond d ’ un tri plus poussé sera traitée plus loin .
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