L’économie circulaire : considérations fondamentales par Jean Lamesch L économie circulaire considérations fondamentale

Juillet 2017 L’économie circulaire : considérations fondamentales Jean Lamesch INTRODUCTION Une planète Terre de plus en plus peuplée, une menace climatique sourde et une déplétion indéniable des ressources a généré des inquiétudes grandissantes qui se sont manifestés dans une pléthore de concepts : décarbonatation, décentralisation, découplage énergie-production, décroissance, croissance zéro, frugalité verte, sobriété énergétique et enfin, Economie Circulaire. Cette dernière, bien que parmi les plus populaires, n’a pas de définition stable et son caractère relativement large permet que tout le monde y trouve son compte à priori. Or, tout concept qui se veut universel a besoin de fondamentaux sur lesquels reposer ses thèses. L’objectif de cette réflexion est d’analyser les limites auxquelles le concept d’économie circulaire devra faire face sur le long terme, notamment en le confrontant avec les lois de la physique. Elle ne saurait être vue comme un plaidoyer contre les initiatives visant à réduire l’impact des activités humaines sur son environnement. Le présent article commence par proposer 5 énoncés de base. Enoncé # 1. L’économie circulaire et la « perpétuité » Le temps est la variable la plus fondamentale du concept de l’Economie Circulaire. Notre planète est censée rester habitable jusqu’à l’épuisement du combustible nucléaire du Soleil, c.à d. pendant des milliers voire des millions d’années à venir. Voilà pourquoi tout manquement à la circularité absolue aura irrémédiablement des conséquences délétères sur le long terme, car toute déficience se verra multipliée par un nombre immense d’années. C’est là toute la gravité de la variable « temps ». Enoncé # 2 : la primauté de la thermodynamique, énergie, exergie, entropie Pourquoi s’inquiéter sur le très long terme, pourrait-on objecter, puisque la société humaine et sa technologie changeront immanquablement et toute prédiction sera vaine. Cette objection n’a aucune relevance, car l’économie circulaire doit reposer sur les lois de la physique, et plus précisément, sur celles de la thermodynamique, les plus générales de l’univers. La 1 e loi énonce la constance de l’énergie, et la 2 e le fait que le désordre (entropie) ne peut qu’augmenter dans un système fermé. Ad énergie : Que notre société technologique fonctionne grâce à l’énergie est un énoncé imprécis. Ce qui est déterminant est la capacité de fournir du travail utile, et cette capacité s’appelle exergie. Contrairement à l’énergie, l’exergie dépend de l’environnement ; elle n’est donc ni conservée ni constante, et donne par là une idée beaucoup plus précise sur nos capacités opérationnelles. Depuis une trentaine d’années, c’est elle la grandeur de référence en écologie Ad entropie : que les activités économiques ne font qu’augmenter le désordre et résultent en une dispersion grandissante des ressources, est la seconde clef des réflexions de cet essai. L’entropie interdit la circularité absolue. Cet énoncé s’éclairera dans la suite. Enoncé # 3 : les matières et matériaux ne sont pas purs, mais composites Les matières dont est fait notre monde sont toujours des alliages ou des mélanges ; les polymères, les ciments, les papiers, les verres ne sont jamais des corps purs. Il existe plusieurs centaines d’alliages de fer, appelés ‘aciers’ et des douzaines d’alliages d’alu. Recycler des mélanges, amalgames et alliages, est une 1