La rivière Saguenay deviendra-t-elle une autoroute?
Tommy Tremblay
CREDD
On prévoit que le nombre de bateaux commerciaux sur la rivière Saguenay va doubler, puis tripler d’ici 2030 si tous les projets s'y réalisent. C'est une augmentation vertigineuse du nombre de navires qui pourrait avoir un effet cumulatif négatif sur son écosystème, notamment sur le béluga, une espèce en voie de disparition.
Certains vont clamer que la rivière Saguenay est une voie maritime navigable à l’origine du développement de la région et que la circulation a déjà été beaucoup plus importante, notamment avec l’exportation du bois. Son utilisation par de grands navires avait périclité, mais maintenant, elle reprend de la vigueur pour revenir à ce qu’elle était. Peut-être! Par contre, le contexte économique et social, ainsi que les connaissances sur le sujet ont
depuis ce temps évolué, bien qu’il y ait déjà eu plus de navires, quantité que l'on croyait n'avoir impact sur l’environnement. Aujourd’hui, l’augmentation du nombre de bateaux de croisière et les nouveaux projets de développement industriel risquent visiblement d’exercer de nouvelles pressions sur la rivière Saguenay.
La rivière Saguenay est un écosystème unique et exceptionnel. Elle est un milieu de vie avec des paysages à couper le souffle à l’origine d’une partie importante de l’offre touristique régionale. Rappelons que la rivière fait également partie du parc marin du Saguenay-Saint-Laurent et que des démarches sont entamées pour faire reconnaître le fjord comme un site du patrimoine mondial soutenu par l'UNESCO.
Toutefois, étant donné la complexité de cet écosystème et la connaissance limitée que nous en avons, il est peu probable que nous puissions arriver à calculer sa capacité de support. Il s’agit d’un exercice qui s’avère très périlleux même pour de petits écosystèmes. Il serait donc utopique de penser qu’on pourrait arriver à un nombre magique exemplaire de bateaux par année.
Alors, que voulons-nous pour la rivière Saguenay? C’est la question! Pour l’instant, chaque projet est pris à la pièce et nous sommes incapables de nous élever pour avoir une vue d’ensemble. Les acteurs régionaux doivent indéniablement se rassembler afin de se concerter et de déterminer ce que nous voulons vraiment pour notre rivière. Comment faire pour que les activités anthropiques cohabitent tout en favorisant l’atténuation des impacts sur l’environnement? Sans attendre, les acteurs économiques, municipaux et environnementaux doivent se réunir pour discuter de l’enjeu de l‘heure. Sans quoi, la question va resurgir à chaque nouveau projet. Seul, on va peut-être plus vite, mais ensemble, la région va aller plus loin.
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