L’extension des études universitaires de médecine au Luxembourg Extension des études universitaires de médecine | Page 35

aboutissent à l ’ île Utopia , au moins en ce qui concerne le return-on-investment .
N ’ aurait-il pas mieux valu choisir comme spécialisation la gériatrie ou la médecine du travail ? Au lieu de mettre en place des spécialisations , ne serait-il pas plus profitable pour les médecins et les patients de promouvoir au Luxembourg la formation continue , en ayant recours à l ’ expertise des enseignants de Facultés de médecine de l ’ étranger ?
Même dans l ’ hypothèse que les 25 étudiants admis à l ’ UL au premier cycle d ’ études médicales obtiennent tous le diplôme de Bachelor in medicine , qu ’ en plus ils trouvent une place au deuxième cycle médical dans une université à l ’ étranger et qu ’ ils réussissent à devenir Master in medicine , on peut néanmoins se demander si les investissements considérables sur le plan conceptuel , organisationnel et budgétaire valent la peine par rapport à de tels résultats . Comparés aux 45 étudiants luxembourgeois admis sur dossier en 1 ère année d ’ études médicales et d ’ autres formations de santé aux seules universités allemandes pour l ’ année académique 2016 / 17 , il faut en douter . Voilà pourquoi il importe de faciliter aux étudiants luxembourgeois l ’ admission en première année dans une Faculté de médecine .
Quant aux 27 spécialistes ( 15 + 12 ) qui tous les cinq ans augmenteront l ’ effectif des oncologues et des neurologues , constituent-ils une masse critique garantissant la rentabilité par rapport aux efforts déployés ?
Enfin , il convient de prendre en considération qu ’ une partie des médecins généralistes et des médecins spécialistes qui ont bénéficié d ’ interventions et de formations grâce aux autorités politiques et administratives luxembourgeoises n ’ a pas forcément l ’ intention de s ’ installer au Luxembourg . Compte tenu de l ’ effet déjà assez faible à attendre des mesures préférentielles en question sur l ’ effectif des médecins , ne devrait-on pas demander à ces médecins un engagement d ’ exercer leur profession pendant un certain nombre d ’ années au Luxembourg ?
Les réserves et interrogations ici exprimées ne signifient nullement qu ’ il faut renoncer à la recherche médicale au Luxembourg . Il importe , bien entendu , de suivre les progrès réalisés à travers le monde et d ’ être conscient quelle thérapie peut être appliquée avec succès .
Il serait souhaitable que l ’ extension prévue des études universitaires de médecine au Luxembourg fasse l ’ objet d ’ une analyse approfondie par des experts fiables avant sa mise en œuvre .
Tout au long de cet examen nous avons tenté , en nous inspirant de thèmes et de principes de la sociologie de la médecine , de contribuer à combattre les opinions trompeuses et les affirmations douteuses afin que les autorités compétentes décident en pleine connaissance de cause . Malheureusement , dans l ’ ère de la « post-vérité », qui envahit peu à peu l ’ esprit d ’ un nombre croissant de nos contemporains , la réflexion critique , les raisonnements rigoureux et les faits étayés sur des preuves ont moins d ’ influence que les illusions les plus insensées qu ’ elles soient très ambitieuses ou purement fantaisistes . En dépit de tant d ’ incertitudes et de risques , espérons que le vrai triomphera en l ’ occurrence du faux 25 .
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