Le Magazine "Litech" | Page 35

Chers lecteurs, maintenant que vous avez lu ces différentes scènes de crime, qu’est-ce qui fait qu’une scène de crime suscite toujours l’intérêt du lecteur ? Tout d’abord, la scène de crime parfaite requiert un bon synopsis. Si l’auteur ne parvient pas à susciter un sentiment de peur ou d'angoisse, le lecteur ne s’y intéressera en aucun cas. Coben dans son livre Ne le dis à personne passe d’une baignade romantique à une scène angoissante. Le contraste et le changement si soudains surprennent le lecteur. Ensuite, il est rare qu’une scène de crime compromette l’identité du meurtrier dès le début. Si elle le fait, l’auteur fait en sorte de peindre le portrait d’un meurtrier sans merci, pour à nouveau instaurer la peur chez son lecteur. Dans It de Stephen King, le tueur, un clown, est révélé dès le début. Cependant, ce personnage énigmatique réussit à nous donner la chaire de poule en quelques lignes: “that chuckling rotten voice whispered.” Le criminel prend du plaisir à tuer, il est sans pitié. Souvent, elle crée un sentiment de doute chez le lecteur qui élabore lui-même des hypothèses sur l'identité du meurtrier. Une technique utilisée fréquemment par la célèbre Agatha Christie était de conduire le lecteur sur une piste, pour ensuite lui révéler que la solution résidait ailleurs. Pour qu’une scène de crime soit complète, elle nécessite beaucoup de descriptions, afin de faire naître une atmosphère particulière qui met sous tension le lecteur: description des lieux, du meurtre, de la victime et des sentiments éprouvés par le meurtrier lui-même, puis les réactions de l'entourage de la victime. Dans Murders in the Rue Morgue, Poe décrit la scène au cheveu près : “On the hearth were two or three long and thick tresses of grey human hair.” Cela permet au lecteur de se faire une idée du profil du tueur (méticuleux, habitué, paniqué…) Enfin, des faits improbables font souvent offices d’une scène de crime parfaite. Dans Murder on the Rue Morgue d’Edgar Allan Poe, la situation semble invraisemblable, étant donné que le meurtrier n’aurait pas pu s’échapper, puisque la vitre était intacte et la porte fermée à clé. La scène de crime parfaite, même si elle évolue au cours des siècles, repose donc toujours sur ces invariants-là, qui ont pour buts de susciter l'intérêt et le plaisir du lecteur. Et vous quelle scène de crime imagineriez-vous?