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AMIRa
YAHYAOUI
Rencontre avec Amira Yahyaoui, présidente de l’association « Al Bawsala ».
Propos recueillis par Fabrice Fernandez Lopez
Biographie
La Gazelle 60 I
112
FFL : Dix mots qui permettent à nos lecteurs de te
découvrir ?
AY : Démocratie, dictature, humour, bataille, voyage,
lecture, Rothko, Rothko, Rothko et Rothko
FFL : Parle-moi de toi ? Ta vie ? Comment en es-tu
arrivée là ?
AY : J’ai eu la chance de naître dans une famille de
démocrates dans un pays dictatorial. Ce que j’ai appris comme étant une chose naturelle a été directement à l’encontre de la vie réelle qui ne correspondait pas à ça. Il était naturel de ne pas accepter ces
choses auxquelles je n’étais pas éduquée. Dès l’âge
de 17 ans, j’ai été très active dans tout ce qui concernait les mouvements pour la liberté d’expression en
Tunisie. Pendant plusieurs années j’étais de toutes
les batailles, toutes les campagnes de libération de
personnes qui se sont fait arrêtées à cause de ça,
et puis j’ai continué avec la révolution. Très vite, j’ai
découvert que ce que l’on appelait censure sous une
dictature n’est autre que le non accès à l’information dans une démocratie ou un habit démocratique.
C’est donc tout naturellement que j’ai travaillé sur
la transparence et l’accès à l’information qui était
avant censuré.
Mon père est le premier et seul juge à avoir parlé
de l’indépendance de la justice sous la dictature en
2000 et ça lui a valu tout ce qu’il avait, son emploi
entre autres. A cette époque, j’avais 16 ans, j’avais
honte de dire que mon père était juge quand j’étais
au lycée. Être juge était synonyme de corruption en
Tunisie, même si lui ne l’étais pas. Quand il a été renvoyé de son travail, j’étais très fière de dire que mon
père était le juge qui a été licencié pour avoir défendu
la liberté de la justice. Ma mère est moins connue,
elle est professeur d’informatique, elle fait partie de
la première génération de ce métier en Tunisie, elle
est partie de rien et elle a fini à ce poste.
FFL : Quel est ton rêve de bonheur personnel ?
Pour la Tunisie ?
AY : Je suis très heureuse, pour moi ce que je vis
aujourd’hui est plus qu’un rêve, alors ce que je peux
rêver de plus ce sont des choses que je ne peux pas
imaginé qui m’arriveront plus tard. Ce que je trouve
fabuleux dans la vie c’est le fait de ne pas savoir où
l’on va et de se retrouver à découvrir des choses
qui nous arrivent, qui nous entourent et surtout voir
comment on réagit face aux différentes :