La Gazelle | Page 135

Reportage Tunisair connues pour être potentiellement viables. Mais cet état n’est pas stable. Il est très lié à l’état de conservation effective dans ces pays. Sa régression se situe dans une série d’extinction qui a touché des espèces exceptionnelles tels que l’autruche à coup rouge de l’Afrique du nord, le Guépard du Sahara ou l’addax. Son déclin est le reflet du recul de tout ce monde fascinant, fragile et résistant à la fois. Vie et mort de la Reem ou la tragédie d’un symbole La Reem préfère vagabonder dans les pâturages inter-dunaires. Mais, dès qu’elle détecte un danger elle se précipite vers les dunes à côté. Elles représentent son seul abri contre les prédateurs et les chasseurs. Hélas, c’était un temps avant l’extinction des grands prédateurs comme le guépard du Sahara et l’avènement des moyens de transports modernes capables de violer les lieux les plus reculés. La tradition orale ainsi que certaines données de terrain rapportent que la Reem se trouvait aux portes même de Douz notamment pendant les années pluvieuses. Mais, depuis quelques années l’espèce a bien reculé vers le Sud à cause d’un braconnage destructif, de massacres défiant toute loi. Les images qui y filtrent de temps à autre sont extrêmement choquantes par l’aspect cruel des méthodes utilisées ! Le vide s’installe autour de Tambein, des Taganiss, d’El Mida et beaucoup d’autres lieux considérés jusqu’à une date récente comme sites retirés. Le vide biologique créé, avance comme l’ogre de la désertification, détruisant devant lui tout ce qui fait la magie du Sahara… du Sahara tunisien et tous les symboles de vie qui lui sont légués. La gazelle blanche représente la cible recherchée, la raison de la traversée des braconniers de ce monde minéral incandescent surtout en été… elle est la belle, la désirée… elle est malheureusement le trophée ! Le déclin de la Reem et le monde qui l’entoure n’est pas dû à la sécheresse, ni au manque d’espace, non plus au réchauffement climatique. Il n’est pas naturel, il est provoqué ! La tragédie de la Reem monte d’un cran lorsqu’on apprend que le massacre des adultes ne suffit plus et qu’un trafic naissant de jeunes orphelins est entrain de s’installer…le goût de l’argent et de l’enrichissement rapide est entrain de faire son chemin. Espèce menacée, espèce dite « protégée »… la Reem quitte les dunes de ses aïeux en silence assourdissant. Elle n’est pas comme le gorille de montagne, elle n’est pas comme le panda, elle n’est pas 6