Coopérative en vedette / ᑯᐊᐸ ᐅᓂᒃᑳᑕᐅᔪᖅ / Co-op Spotlight
Kuujjuaq ᑰᔾᔪᐊᖅ
Bobby Snowball est l’une des figures
emblématiques de Kuujjuaq. Comme bien
d’autres de sa génération, il est né dans un
camp familial du nom de Marralik, ce qui
signifie « là où il y a de l’argile », à cause de
la qualité argileuse de la terre. C’est là qu’il
a grandi pendant les dix premières années
de sa vie, sous les soins de sa mère et en
compagnie de son frère Cornelius (Kuuniluusie en inuktitut). Ils sont ensuite déménagés à Tasiujaq, d’où provenait la famille
de sa mère, et y sont restés quelques années.
Pendant cette période de formation typique
de la vie d’un jeune Inuk, Bobby a appris
comment chasser, capturer les animaux et
fournir nourriture et abri à sa famille.
Une fois devenus jeunes hommes, Bobby
et son frère sont partis à la recherche d’un
emploi pour gagner de l’argent. Ils ont
travaillé un temps avec des géologues, et
Bobby a aussi travaillé comme chargeur à
l’aéroport pendant une brève période. Une
école anglaise pour jeunes avait été ouverte
dans les années 1950 à Kuujjuaq et plusieurs familles s’y étaient établies sans attendre pour que leurs enfants fréquentent cette
école, une obligation du gouvernement fédéral. Bobby et sa famille sont donc allés
comme d’autres vivre à Kuujjuaq. Certains
collaboraient à la construction de la piste
d’atterrissage de la base de l’Armée. Bobby
se souvient aussi de la présence de deux
agents de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) qui se rendaient à Kuujjuaq et
dans d’autres collectivités en compagnie de
Norman Gordon, guide et grand-père de
Michael Gordon de Kuujjuaq. La GRC veillait au recensement et à la distribution des
allocations familiales, que le gouvernement
avait commencé à verser aux familles inuit.
La plupart des familles vivaient encore sur
leurs territoires traditionnels, demeurant
près des rivières principales où foisonnait
l’omble arctique, l’un des aliments de base
des foyers inuit.
Au début des années 1960, des fonctionnaires fédéraux sont venus dans le Nord
à la recherche de ressources naturelles et
pour voir comment les Inuit pouvaient
soutenir et développer leurs communautés.
Dans l’ouvrage A New Way of Sharing: A
Personal History of the Cooperative Movement in Nunavik, Bobby Snowball raconte
comment, au moment de la création de la
Coopérative de Kujjuaq en 1961, le gouvernement fédéral les avait soutenus dans leur
projet de développement, qui comprenait
une pêcherie, un restaurant et un projet de
coupe de bois. Une enquête économique,
publiée sous forme de rapport par la Division de l’expansion industrielle du ministère
des Affaires indiennes et du Nord Canada
en 1968, avait conclu à l’abondance du saumon dans la baie d’Ungava et particulièrement à Kuujjuaq et à Kangiqsualujjuaq.
À l’époque, Bobby pêchait le saumon et
l’omble pendant l’été pour la Coopérative de
Kuujjuaq. L’Association coopérative Kuujjuaq, encore toute jeune, commercialisait le
produit de sa pêche comme elle l’entendait,
ainsi que des œuvres d’art et des objets artisanaux réalisés par des artistes inuit locaux.
Le gouvernement fédéral a également
appuyé la production de masse du projet
ookpik, un harfang des neiges artisanal fabriqué par des femmes inuit de Kuujjuaq.
Bobby a été engagé pour gérer le projet ookpik en 1963. C’est la mère de Bobby Snowball, Jeannie, qui avait créé le modèle ayant
attiré l’attention des employés du ministère
du Nord canadien et des ressources nationales en 1963. Il a été choisi comme mascotte
du Canada dans une foire commerciale de
Philadelphie en 1964, ce qui a contribué à
sa popularité, et est alors devenu une image
de marque au succès retentissant. Au milieu des années 1960, le harfang des neiges
ookpik était au sommet de sa popularité; il
était fait de peau de phoque, de fourrure et
de cuir, et ce sont vingt femmes de Kuujjuaq qui le fabriquaient, atteignant parfois
une