Kanguq - Automne / Fall 2013 | Page 7

Nouvelles de la FCNQ / FCNQ News\r\nDe pierres, de peaux, d’herbes…\r\n\r\nWith Stone, Skin and Grass\r\npar / by Yves Chamberland \r\n\r\nEt de sueurs. Beaucoup de sueurs de la\r\npart des bâtisseurs qui avec vision, courage\r\net persévérance ont mis de l’avant un projet\r\nqui allait pour la première fois engager\r\ntoutes les communautés du Nunavik dans\r\nun effort collectif. Ce projet : doter les\r\nhabitants d’outils qui leur permettraient\r\nd’atteindre une certaine autonomie\r\néconomique et d’ainsi pouvoir tenir en\r\nmain les rênes de leur destinée.\r\nDe pierres, de peaux, et d’herbes… parce\r\nque lorsque l’on a proposé de démarrer les\r\npremières coopératives, voilà ce qui était\r\ndisponible afin de se procurer les fonds\r\nnécessaires à la construction des premiers\r\nmagasins et à l’achat de marchandise.\r\nEn 1959, des agents du gouvernement\r\ncanadien en poste dans l’Ungava proposent\r\naux gens de Kangiqsualujjuaq de démarrer\r\nune entreprise forestière qui fonctionnerait\r\nsous le mode coopératif. Ainsi, plutôt que\r\nd’appartenir à un patron unique qui décide\r\nde tout et qui engrange tous les profits, tous\r\n\r\nles membres de la communauté seraient invités à y participer en se procurant une part\r\nsociale et en y faisant valoir ses idées. Tous\r\nseraient traités de façon égale avec le même\r\ndroit de parole et les décisions seraient prises au vote majoritaire.\r\nCette nouvelle manière de faire se\r\npropagea rapidement dans les autres\r\ncommunautés qui à leur tour se mirent à\r\nchercher des façons de démarrer leur propre\r\ncoopérative. On a fait avec ce que l’on avait.\r\nÀ Kangirsuk, le poisson était abondant et\r\nrecherché, ce sont donc les pêcheurs qui se\r\nsont regroupés pour le mettre en marché. À\r\nKuujjuaq, le talent des couturières a été mis\r\nà profit pour créer de petits objets en peau\r\nde phoque ou de caribou, ou alors en tissu,\r\nque les touristes des grandes villes du sud\r\nrecherchaient comme souvenirs. Sur la côte\r\nde la baie d’Hudson, tout particulièrement à\r\nKuujjuarapik et Inukjuak, les hautes herbes\r\ndes marais salins furent utilisées pour\r\nconfectionner des paniers et des figurines.\r\n\r\nLes artistes sculpteurs de Puvirnituq,\r\nInukjuak, Salluit et Ivujivik ont transformé\r\nla pierre à savon en objets d’art qui ont su\r\nattirer l’œil des collectionneurs. Bientôt,\r\npartout dans les grandes villes du monde,\r\nà Montréal, Toronto, New York, Paris et\r\nTokyo, le travail des artistes fut reconnu et\r\nla demande alla dès lors en grandissant.\r\nEn 1967, le réseau de communications et\r\nd’entraide entre les premières coopératives\r\ns’était déjà formé et on pensa qu’il serait\r\navantageux de concentrer toutes nos\r\nforces et de créer une fédération. Des\r\ndélégués de chacune des coopératives\r\ndéjà établies à Puvirnituq, Kuujjuarapik,\r\nKangirsuk, Kuujjuaq et Kangiqsualujjuaq\r\nse réunirent à Lévis durant trois semaines\r\npour décider du fonctionnement de\r\nleur nouvelle fédération. Il fut tout de\r\nsuite décidé d’établir des coopératives\r\nà Ivujivik, Quaqtaq, Inukjuak, Salluit,\r\nKangiqsujuaq et Chisasibi. Aujourd’hui,\r\navec la création des dernières coopératives\r\n\r\nWillie Emudluk dans la première coop à Kangiqsualujjuaq Willie Emudluk in the first coop at Kangiqsualujjuaq\r\n\r\n\r\n\r\n