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CLOWN THÉRAPEUTIQUE [ SUITE ] COMPRENDRE LE TRAVAIL DES CLOWNS THÉRAPEUTIQUES EN HÔPITAL DE RÉADAPTATION Ils assistent aux réunions d'équipe une fois par mois et rendent compte de leurs observations à travers des rapports écrits mensuels et des transmissions orales quotidiennes auprès des soignants. Le quotidien de la réadaptation est très exigeant pour les jeunes patients, confrontant leur estime d'eux-mêmes, leur espoir face à l'avenir et l'apprivoisement d'un corps qu'ils ne reconnaissent pas et qui leur renvoie limites et sentiment d'échec. Quelques études sur des enfants atteints d’une incapacité physique ou verbale montrent que leur humeur s’améliore davantage après la visite de clowns (Kingsnorth, Blain et McKeever, 2011). L’étude de Barkman (2013) fait ressortir également l’effet positif du clown sur le moral des enfants et sur leur capacité à gérer le stress. Chez les enfants abusés, d’autres recherches ont noté une baisse d’anxiété, de douleur et de pensées intrusives lorsque les examens cliniques étaient effectués en présence d’un personnage clownesque (Tener, Lev-Wiesel, Franco et Ofir, 2010). Nous aimerions ici rendre compte de certaines observations issues directement du travail des clowns en réadaptation afin de mieux comprendre leur rôle de collaboration avec les équipes de soins. L’ETABLISSEMENT D’UNE COMMUNICATION Les clowns thérapeutiques cherchent à entrer en relation avec les enfants hospitalisés en utilisant toutes les ressources de l'art et de la communication non verbale. Par le biais du jeu, ils stimulent les ressources résiduelles des patients. Charlotte, jeune fille inuit hospitalisée à la suite d'un trauma crânien, entre en contact avec les clowns en clignant des yeux. C'est elle qui dirige le jeu, pouvant décider, malgré ce mode de communication, si l'un des personnages du duo peut avancer ou non, le nombre de pas qu'il doit faire, ou encore le moment où son partenaire clown peut le punir. Cette capacité à contrôler son environnement, en l'occurrence le corps de Dr. Tcheksa, est un facteur positif pour l'estime de soi de la jeune patiente et l'aide à reprendre goût aux relations. Un rôle d’accompagnement permet de négocier les passages entre deux moments de thérapie. Les clowns montent ou descendent dans les ascenseurs avec les enfants, et canalisent par l'humour et le jeu des périodes qui peuvent engendrer du stress, de l'angoisse de performance ou du découragement devant les fonctions à regagner. Erg-go! REVUE DES ERGOTHÉRAPEUTES DU QUÉBEC Crédit photo : Christina Esteban JUIN 2015_NO.5 Le personnage clownesque est également celui qui relaye l'importance des limites, de façon plus ludique que les autres intervenants. Le fait de travailler en duo permet de refléter certains comportements et de rappeler par le jeu l’existence des autres patie