JUIN 2015_NO.5 | Page 34

ERGOTHÉRAPIE À L’INTERNATIONAL [ SUITE ] COOPÉRATION INTERNATIONALE AU BÉNIN LES RÉSULTATS Nous avons surtout misé sur la « manière de » plutôt que sur les résultats puisqu'une des règles d’or de la coopération internationale est de porter attention au processus. J’ai apprécié la possibilité de prendre le temps avec ma collègue de se questionner et de remettre en question nos interventions. À chacune d’entre elles, on se posait la question : « Est-ce que cela va augmenter la capacité du partenaire à améliorer lui-même ses activités? ». Enfin, une affectation de six mois en développement international, c’est très court pour pouvoir apprécier les changements, surtout dans le cas d’un nouveau partenariat. Je philosophe en me disant que nous avons préparé la terre et planté quelques graines que les prochains coopérants-volontaires arroseront. Il fut tout de même possible d'identifier quelques résultats. Par exemple, lors d’une rencontre de suivi du plan d’action pour améliorer les soins d’hygiène, les pairs-aidants responsables ont soulevé que, selon eux, cela « améliore le bien-être des malades ». Ils ont rapporté qu’eux-mêmes et leurs collègues appliquaient désormais davantage le degré d’aide adéquat à chacun des patients et qu’ils ont découvert que plusieurs pouvaient être plus autonomes qu’ils ne pensaient. De plus, ils percevaient, tout comme les infirmiers, que les mesures mises en place diminuaient le risque de transmission de maladies. Par ailleurs, nous avons constaté que les pairs-aidants sélectionnés sont devenus plus sensibilisés à l’importance des interventions non-pharmaceutiques. Par exemple, lors de cette même rencontre, un pair-aidant a souligné le fait que « la guérison ne dépend pas seulement des produits [médicaments] », puis un second a renchérit : « la guérison est dans tous les sens, dans tous les gestes quotidiens ». De façon générale, ce fut surtout quant au savoir-être des participants que l’évolution fut la plus remarquable. En effet, une amélioration de leurs capacités à s’exprimer en groupe et à travailler en équipe a été observée. 34 LES DÉFIS Les défis étaient grands, mais comme ma collègue me le rappelait souvent : «À chaque problème, sa solution! ». C'est d'ailleurs pour relever des défis que nous avons choisi d'être coopérantes-volontaires. Par exemple, la barrière de la langue était un obstacle majeur pour nous, mais aussi pour le personnel. En effet, bien que nous ayons appris quelques mots de Dendi, la langue locale, cela ne nous était pas d’un grand secours au centre, car on y parle plus d’une quarantaine de langues différentes. Une vraie tour de Babel! Pour faciliter le travail de tous, nous avons créé un répertoire de langues et de traducteurs. Quelle chance que certains soient polyglottes et maîtrisent plus de six langues. L’ERGOTHÉRAPIE ET LA COOPÉRATION INTERNATIONALE Bien que novice en coopération internationale, j’ai pu faire appel à des notions abordées dans le cadre de mes études comme la pratique communautaire, une approche qui a pour but d’aborder les besoins identifiés par une communauté en misant sur les forces de celle-ci. En outre, mes compétences d’animation de groupe m’ont été très utiles. De plus, j’ai constaté que la vision de l’ergothérapie se marie bien à celle de la coopération internationale, du moins à celle de Cuso, et qu’elle a même un apport intéressant à faire à cette dernière à condition d’éviter le piège de l’ethnocentrisme. Également, en raison des ressources très limitées, c’est une préoccupation et un défi quotidien pour le centre de pouvoir offrir les soins de base aux patients internes, sans compter les patients externes ]\