De plus, des impacts peuvent se
manifester sur les plans de la liberté de la personne, de son intégration ou de ses liens sociaux (Tassé,
Sabourin, Garcin et Lecavalier,
2010). Les manifestations les plus
fréquemment rencontrées sont les
comportements
d’agressivité
(mordre, frapper, etc.), d’automutilation (se frapper, se griffer, etc.), de
destruction,
de
perturbation
(menace, opposition, etc.), d’autostimulation (balancements, vocalises, etc.) ainsi que ceux liés à
l’alimentation (vol de nourriture,
pica – ingestion de substances non
comestibles, etc.) selon Willaye et
Magerotte (2008).
Pour ce qui est de la prévalence
d’utilisation de telles mesures
auprès de la clientèle ciblée, les
données obtenues par Mérineau-Coté (2013) indiquent que
sur 81 adultes présentant une DI et
manifestant un comportement
agressif, 63% ont nécessité la mise
en place d’une mesure de contrôle
dans les 3 derniers mois et, sur ce
chiffre, 44,4% ont nécessité la mise
en place d’une mesure d’isolement
et 42% d’une contention physique.
À noter que, par mesure de contention physique, nous entendons
toute mesure de contrôle qui
consiste à empêcher ou limiter la
liberté de mouvement d’une
personne en utilisant la force
humaine, un moyen mécanique
(ex. ceinture) ou en la privant d’un
moyen qu’elle utilise pour palier un
handicap (Ministère de Santé et
des Services Sociaux, 2002).
La pratique ergothérapique avec
une clientèle nécessitant l’utilisation de mesures de contrôle
En réfléchissant aux manifestations
des comportements de la clientèle
TGC, nous pouvons rapidement
24
faire un lien entre celles-ci et l'utilisation de mesures de contrôle
puisqu'elles peuvent entraîner des
impacts considérables sur l’usager
et son entourage (hospitalisations,
blessures, perte de milieu résidentiel, etc.) et nécessiter ainsi la mise
en place de modalités afin s’assurer
la sécurité des différents acteurs
concernés (ex. familles, intervenants, autres usagers).
Comment éviter que ce lien ne se
fasse trop aisément (et même
systématiquement!) dans l’intervention clinique? Voilà que nous
entrons dans le cœur du sujet et
abordons le rôle de l’ergothérapeute auprès de cette clientèle.
Puisque décider de l'utilisation des
mesures de contention est un acte
réservé entres autres aux ergothérapeutes (Article 37.1, Code des
professions), il va de notre responsabilité de pousser notre réflexion
sur cette problématique.
L’évaluation et l’intervention en lien
avec une mesure de contrôle
s’intègrent dans une évaluation
globale, de façon à déterminer les
interventions préventives à préconiser ainsi que les mesures alternatives potentielles. La pratique interdisciplinaire prend ici tout son sens.
Mon implication en tant qu’ergothérapeute se situe donc à deux
niveaux, soit la consultation auprès
du personnel et de la famille ainsi
que l’intervention directe auprès
de la clientèle et du personnel. Je
tiens à souligner que j’ai la chance
et le privilège de travailler conjointement avec un psychologue, une
infirmière et une psychoéducatrice.
Cette composition nous permet de
former l’équipe de soutien spécialisée dont le principal mandat est de
soutenir les équipes cliniques impliquées auprès des usagers présentant un TGC.
Consultation
La consultation initiale auprès de
l’équipe de soutien est essentielle
pour analyser la situation, tant en
ce qui concerne les troubles de
comportements que l’utilisation
des mesures de contrôle souvent
associée. Cette analyse permet de
comprendre les problématiques
dans le but de proposer des interventions spécialisées et de préciser
ou bonifier les hypothèses énoncées par l’équipe clinique.
Le rôle de l’ergothérapeute est
d’évaluer l’usager en fonction des
problématiques et des particularités soulevées dans le cadre de la
consultation initiale. Majoritairement, l’ergothérapeute sera sollicité en lien avec quatre champs
d’expertise, soit l’autonomie fonctionnelle, l’intégration sensorielle,
la sécurité de l’environnement
physique et les mesures de
contrôle. Ces champs d’interventions ne sont pas exhaustifs, ce sont
ceux qui reflètent le plus ma
pratique actuelle. De plus, ces
champs sont interreliés : en intervenant sur l’autonomie, l’intégration sensorielle et l’environnement,
nous avons généralement un
impact significatif sur la diminution
de l’utilisation de mesures de
contrôle.
Intervention
Les paragraphes qui suivent
présentent des exemples d’interventions que j’utilise dans ma
pratique. Il faut savoir que les
stratégies d’adaptation et d’apprentissage utilisées avec la clientèle
ayant un TGC varient potentiellement de celles utilisées avec les
autres clientèles, mais demeurent
toutefois des modalités qui pourraient être transférables dans
d'autres contextes. Par exemple,
l’utilisation de
erg-go! REVUE DES ERGOTHÉRAPEUTES DU QUÉBEC
JUIN 2014_NO.2
pictogrammes illustrant les étapes
de l’activité facilite sa réalisation et
évite l’agressivité reliée à l’incompréhension. Tandis que le choix et
l’aménagement d’un lieu permettant l’apaisement entre les activ