L’ÉVALUATION
Conduire : un privilège et
non un droit par Hélène
Archambault, erg
Activaction Clinique d’Ergothérapie Inc.
L’évaluation est une étape clé de
la démarche clinique en ergothérapie. Approche centrée sur le
client, intégration des données
probantes, multiples facteurs
inhérents aux clients, aux thérapeutes et aux milieux de travail...
Pas toujours facile de s’y retrouver
dans le monde des évaluations !
Raison pour laquelle une section
de la revue y sera dédiée. En ce
sens, l’article qui suit vous initiera
à l’évaluation des habiletés fonctionnelles liées à la conduite d’un
véhicule routier.
La conduite automobile est une
occupation faisant partie de notre
quotidien et de notre mode de vie
qui est souvent prise pour acquis.
En effet, on envisage difficilement
qu’un jour, on doive cesser de
conduire ; cette idée faisant l’effet
d’un coup de masse. Soudainement, on perd toute notion d’autonomie, de dignité et d’identité
propre : celle d’être un conducteur.
Or, certaines personnes, en
général âgées, font face à la réalité de la perte de leur permis de
conduire et doivent se reconstruire une vie signifiante. Elles
doivent, par exemple, passer à
travers les étapes du deuil, rebâtir
leur estime de soi et trouver des
modes de transports alternatifs,
tels que des services offerts dans
la communauté. Bref, elles
doivent se créer un mode de vie
différent pour demeurer en santé
et éviter l’isolement social.
Comme ergothérapeutes, nous
sommes habitués à favoriser
l’autonomie de notre client via
l’adaptation ou la réadaptation.
Cependant, nous sommes peu
habitués à brimer leur autonomie.
Il s’agit toutefois du rôle que nous
jouons auprès des clients pour
lesquels nous recommandons
une cessation de la conduite.
Cette autonomie brimée peut
parfois être de courte durée
puisque l’individu a le pouvoir de
s’adapter à sa nouvelle réalité
(déménagement, transport en
commun, chauffeur privé, taxi,
services de livraisons au domicile,
etc.). Bien qu’il
puisse être
éprouvant de recommander le
retrait du permis de conduire, il
n’en demeure pas moins que
nous agissons pour le bien du
client concerné, pour celui de ses
proches, ainsi que pour celui des
autres usagers de la route.
Chers
collègues
ergothérapeutes, vous avez certainement
reconnu ici que le sujet abordé
dans cette chronique est l’évaluation des aptitudes en conduite
automobile. Je procède à des
évaluations de la capacité de
conduire depuis 2004. J’ai
obtenu mon baccalauréat en
ergothérapie à l’Université McGill
en 1994. Neuf ans plus tard, en
2003, je renoue avec le passé,
toujours à l’Université McGill, en
prenant part à la première année
où le programme de formation fut
offert (avant que cela ne devienne
un certificat de 2e cycle, crédité).
En effet, le programme en dépistage, évaluation et entraînement
des capacités à conduire un véhicule routier m’a permis d’ajouter à
mes connaissances d’ergothérapeute des notions plus spécifiques en lien avec la conduite
automobile. Par la suite, l’expérience m’a aidée à forger davantage mon opinion, à parfaire mes
observations ainsi qu’à déceler
des signes parfois subtils entre un
conducteur sécuritaire ayant de
bonnes aptitudes et un conducteur non sécuritaire.
Comme dans tout processus
d’évaluation en ergothérapie, la
tenue de dossier