JANVIER 2014_NO.1 | Page 15

L’ÉVALUATION Conduire : un privilège et non un droit par Hélène Archambault, erg Activaction Clinique d’Ergothérapie Inc. L’évaluation est une étape clé de la démarche clinique en ergothérapie. Approche centrée sur le client, intégration des données probantes, multiples facteurs inhérents aux clients, aux thérapeutes et aux milieux de travail... Pas toujours facile de s’y retrouver dans le monde des évaluations ! Raison pour laquelle une section de la revue y sera dédiée. En ce sens, l’article qui suit vous initiera à l’évaluation des habiletés fonctionnelles liées à la conduite d’un véhicule routier. La conduite automobile est une occupation faisant partie de notre quotidien et de notre mode de vie qui est souvent prise pour acquis. En effet, on envisage difficilement qu’un jour, on doive cesser de conduire ; cette idée faisant l’effet d’un coup de masse. Soudainement, on perd toute notion d’autonomie, de dignité et d’identité propre : celle d’être un conducteur. Or, certaines personnes, en général âgées, font face à la réalité de la perte de leur permis de conduire et doivent se reconstruire une vie signifiante. Elles doivent, par exemple, passer à travers les étapes du deuil, rebâtir leur estime de soi et trouver des modes de transports alternatifs, tels que des services offerts dans la communauté. Bref, elles doivent se créer un mode de vie différent pour demeurer en santé et éviter l’isolement social. Comme ergothérapeutes, nous sommes habitués à favoriser l’autonomie de notre client via l’adaptation ou la réadaptation. Cependant, nous sommes peu habitués à brimer leur autonomie. Il s’agit toutefois du rôle que nous jouons auprès des clients pour lesquels nous recommandons une cessation de la conduite. Cette autonomie brimée peut parfois être de courte durée puisque l’individu a le pouvoir de s’adapter à sa nouvelle réalité (déménagement, transport en commun, chauffeur privé, taxi, services de livraisons au domicile, etc.). Bien qu’il puisse être éprouvant de recommander le retrait du permis de conduire, il n’en demeure pas moins que nous agissons pour le bien du client concerné, pour celui de ses proches, ainsi que pour celui des autres usagers de la route. Chers collègues ergothérapeutes, vous avez certainement reconnu ici que le sujet abordé dans cette chronique est l’évaluation des aptitudes en conduite automobile. Je procède à des évaluations de la capacité de conduire depuis 2004. J’ai obtenu mon baccalauréat en ergothérapie à l’Université McGill en 1994. Neuf ans plus tard, en 2003, je renoue avec le passé, toujours à l’Université McGill, en prenant part à la première année où le programme de formation fut offert (avant que cela ne devienne un certificat de 2e cycle, crédité). En effet, le programme en dépistage, évaluation et entraînement des capacités à conduire un véhicule routier m’a permis d’ajouter à mes connaissances d’ergothérapeute des notions plus spécifiques en lien avec la conduite automobile. Par la suite, l’expérience m’a aidée à forger davantage mon opinion, à parfaire mes observations ainsi qu’à déceler des signes parfois subtils entre un conducteur sécuritaire ayant de bonnes aptitudes et un conducteur non sécuritaire. Comme dans tout processus d’évaluation en ergothérapie, la tenue de dossier