Horizon Weekend Montréal 26 Octobre 2014 | Page 24

Afin de discuter de ce dossier, il a été possible de s’entretenir avec le Grand Chef de la Nation des Atikamekws, Constant Awashish, un avocat de 33 ans élu en septembre dernier. Voici cette entrevue : - Nouvellement élu on vous connaît peu, qui est Constant Awashish? Ma carrière est courte, j’ai terminé mes études puis travaillé comme consultant pour la Nation Atikamekw, pour laquelle je suis devenu Grand Chef maintenant. J’ai obtenu un diplôme en droit de l’université d’Ottawa en 2007, j’ai oeuvré à l’université de 2004 jusqu’à 2008, et c’est à ce moment que j’ai été approché pour devenir consultant. J’ai été invité à faire un discours sur l’éducation des autochtones, je l’ai d’abord prononcé dans ma langue maternelle et ce fut une grosse surprise pour les gens de ma nation, car j’ai grandi en ville et parlais peu dans ma langue sauf quand j’allais visiter mes grands-parents et ma famille immédiate sur le territoire de la Nation. La plupart des gens croyaient même que je ne la parlais pas; ainsi, lors de ces occasions sur la réserve, je comprenais toutes les conversations, mais les gens l’ignoraient, c’était cocasse! Lorsqu’on est jeune, on fait des niaiseries, j’étais alors un jeune garçon et je trouvais ça drôle! Ma langue est quand même d’une grande importance pour moi, je ne l’ai pas étudiée pour l’apprendre, elle fait partie de moi, et je n’ai pas habité dans une réserve non plus. Ma langue m’a été apprise par ma famille et aussi la communauté des aînés, ceux qui se déplaçaient encore dans la forêt et que je côtoyais souvent lorsque j’étais enfant. J’ai ensuite vécu en ville et passé la majorité de mon temps à l’extérieur de ma communauté; ma mère m’a pourtant toujours parlé dans ma langue, il est donc tout à fait naturel pour moi de parler ma langue. - Comment avez-vous fait la transition entre les études en droit et le fait de devenir Grand Chef? J’ai reçu beaucoup d’encouragements de proches et de connaissances, car la situation actuelle des Atikamekws est déplorable, j’ai également beaucoup d’amis atikamekws qui croyaient en moi. Au début, je n’étais pas fervent à devenir un Grand Chef, car j’ai une personnalité plutôt réservée, je ne suis pas quelqu’un qui aime faire des discours devant une foule ni parler aux médias. Toutefois je commence à m’habituer, car cela fait partie du travail que j’ai à faire, et bien que Horizon Weekend - Montréal, 26 Octobre 2014 - Page 24