Éditorial
Notre responsabilité
Par Micheline Nadon
L’incendie de la Résidence du Havre est chose du passé.
Les décisions et les promesses de nos politiques, émus
devant la tragédie, seront-elles prises ou est-il inutile
d’attendre des gens du gouvernement des mesures
concrètes? Parce que prendre des responsabilités
c’est se mettre personnellement en danger: d’être mal
vu de ses pairs et des électeurs, d’être juger si on fait
trop comme pas assez, et de perdre sa place aux
prochaines élections, ou de ne plus avoir l’appui d’amis
qui connaissent quelqu’un... On reverra fort probablement
les généralités concernant ces institutions bien que les
récentes constructions sont déjà équipées en ce sens,
mais il ne faudra pas être trop exigeant car une partie des
coûts des nouvelles normes souhaitées sera remboursée
par le gouvernement lui-même!
Enquêtes et études vont se succéder, s’étirer en longueur
et qu’en sortira-t-il? Surtout si personne ne demande de
compte-rendu!
Le manque de règlements assurant la sécurité, la bonne
marche dans les résidences comme dans les hôpitaux ou
autres institutions nous en sommes aussi responsables,
tous! Car ces manquements sont particulièrement dûs
à notre laissez-aller. Nous ne sommes pas vigilants, ni
assez exigeants face à nos dirigeants. On fait confiance
ou on s’en lave les mains tant qu’il n’y a pas eu un désastre
ou des décès!
Dans les résidences comme ailleurs où on croit les gens en
sécurité, même si on remarque une source de danger on
ferme les yeux. Que ce soit des extincteurs automatiques,
un miroir brisé, un calorifère dévissé du mur, une flaque
d’eau sur le plancher, un chariot rempli qui menace de se
renverser, ou un simple crayon par terre... on fait le tour,
rien de plus. C’est tellement plus facile de ne rien dire, de
ne rien faire!
Ainsi quand une personne de notre entourage est placée
dans une résidence, on s’assure que l’endroit soit propre,
que la nourriture soit bonne et variée, que les coûts soient
raisonnables et que la résidence ne soit pas trop loin de
ceux qui iront la visiter.
Et, bien souvent, on va visiter Grand-Maman pour Noël,
Pâques, la fête des Mères ou encore pour calmer ses
remords lorsqu’on n’y est pas allé depuis un petit moment.
Rien de mal à tout cela, tout va bien! Sinon on aurait
appelé!
Mais si réellement vous aimez cette personne est-ce
suffisant? Eh bien NON!
Il faut vous assurer qu’elle mange d’abord, surtout si
cette personne est en perte d’autonomie, que les soins
personnels sont faits, que sa médication lui est vraiment
donnée. Si vous ne venez qu’une fois ou l’autre vous ne
verrez guère ce qui se passe dans cette résidence.
Comment le personnel agit avec les pensionnaires, qui
répond aux soins de sa santé? Qui détermine ses besoins
à temps, pas juste quand son état s’est détérioré au point
qu’elle doive se rendre à l’hôpital? L’infirmière qui la
voit une fois de temps à autre et qui sait d’elle que ce
que l’aide-infirmière note au dossier ou ce que rapporte
l’aidant qui l’habille, et encore, si celle-ci y pense après
qu’elle aura terminé la même tâche avec tous les patients
à sa charge?
Y a-t-il une visite régulière du médecin, un suivi médical
si nécessaire? Ses contrôles, ses vaccins s’en occupe-ton?
Et attention, on vous racontera que oui elle mange
bien, qu’elle a eu une bonne journée... Jusqu’à ce que
vous vous rendiez compte qu’elle a perdu du poids; oui,
c’est normal il faut une période d’adaptation, elle a subi
un grand changement... Un mois plus tard et 20 ou 30
livres en moins on vous jouera encore du violon! On vous
Le Journal Horizon Weekend - 15 Février 2014 - Page 6