Horizon Weekend Montréal 15 Février 2014 | Page 6

Éditorial Notre responsabilité Par Micheline Nadon L’incendie de la Résidence du Havre est chose du passé. Les décisions et les promesses de nos politiques, émus devant la tragédie, seront-elles prises ou est-il inutile d’attendre des gens du gouvernement des mesures concrètes? Parce que prendre des responsabilités c’est se mettre personnellement en danger: d’être mal vu de ses pairs et des électeurs, d’être juger si on fait trop comme pas assez, et de perdre sa place aux prochaines élections, ou de ne plus avoir l’appui d’amis qui connaissent quelqu’un... On reverra fort probablement les généralités concernant ces institutions bien que les récentes constructions sont déjà équipées en ce sens, mais il ne faudra pas être trop exigeant car une partie des coûts des nouvelles normes souhaitées sera remboursée par le gouvernement lui-même! Enquêtes et études vont se succéder, s’étirer en longueur et qu’en sortira-t-il? Surtout si personne ne demande de compte-rendu! Le manque de règlements assurant la sécurité, la bonne marche dans les résidences comme dans les hôpitaux ou autres institutions nous en sommes aussi responsables, tous! Car ces manquements sont particulièrement dûs à notre laissez-aller. Nous ne sommes pas vigilants, ni assez exigeants face à nos dirigeants. On fait confiance ou on s’en lave les mains tant qu’il n’y a pas eu un désastre ou des décès! Dans les résidences comme ailleurs où on croit les gens en sécurité, même si on remarque une source de danger on ferme les yeux. Que ce soit des extincteurs automatiques, un miroir brisé, un calorifère dévissé du mur, une flaque d’eau sur le plancher, un chariot rempli qui menace de se renverser, ou un simple crayon par terre... on fait le tour, rien de plus. C’est tellement plus facile de ne rien dire, de ne rien faire! Ainsi quand une personne de notre entourage est placée dans une résidence, on s’assure que l’endroit soit propre, que la nourriture soit bonne et variée, que les coûts soient raisonnables et que la résidence ne soit pas trop loin de ceux qui iront la visiter. Et, bien souvent, on va visiter Grand-Maman pour Noël, Pâques, la fête des Mères ou encore pour calmer ses remords lorsqu’on n’y est pas allé depuis un petit moment. Rien de mal à tout cela, tout va bien! Sinon on aurait appelé! Mais si réellement vous aimez cette personne est-ce suffisant? Eh bien NON! Il faut vous assurer qu’elle mange d’abord, surtout si cette personne est en perte d’autonomie, que les soins personnels sont faits, que sa médication lui est vraiment donnée. Si vous ne venez qu’une fois ou l’autre vous ne verrez guère ce qui se passe dans cette résidence. Comment le personnel agit avec les pensionnaires, qui répond aux soins de sa santé? Qui détermine ses besoins à temps, pas juste quand son état s’est détérioré au point qu’elle doive se rendre à l’hôpital? L’infirmière qui la voit une fois de temps à autre et qui sait d’elle que ce que l’aide-infirmière note au dossier ou ce que rapporte l’aidant qui l’habille, et encore, si celle-ci y pense après qu’elle aura terminé la même tâche avec tous les patients à sa charge? Y a-t-il une visite régulière du médecin, un suivi médical si nécessaire? Ses contrôles, ses vaccins s’en occupe-ton? Et attention, on vous racontera que oui elle mange bien, qu’elle a eu une bonne journée... Jusqu’à ce que vous vous rendiez compte qu’elle a perdu du poids; oui, c’est normal il faut une période d’adaptation, elle a subi un grand changement... Un mois plus tard et 20 ou 30 livres en moins on vous jouera encore du violon! On vous Le Journal Horizon Weekend - 15 Février 2014 - Page 6