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Jean Charest et Brian Mulroney:
L’Héritage de Claude Ryan
Par Nicolas Godin
Le réseau de réflexion sur le fédéralisme l’Idée
Fédérale a récemment invité les anciens premiers
ministres du Québec et du Canada, Jean Charest
et Brian Mulroney, à discuter de l’héritage de Claude
Ryan en compagnie de l’éditorialiste en chef de La
Presse, André Pratte. Cette discussion soulignait
ainsi le clou d’un colloque organisé par le centre
Newman de l’université McGill durant lequel plusieurs
penseurs de renom ont traité des enjeux auxquels fut
confronté Claude Ryan, célèbre journaliste et ancien
chef du parti Libéral.
En premier lieu, André Pratte a souligné le troisième
anniversaire de l’Idée Fédérale dont il est l’un des
fondateurs. Alors que l’organisme commence à peine
à embaucher du personnel de façon permanente, il est
heureux de souligner qu’un groupe de recherche relié
au Centre d’études et de recherches internationales
(CÉRIUM) sera bientôt créé pour étudier la question
du fédéralisme dans le monde.
« Nous sommes de retour »
C’est avec un grand sourire que les anciens premiers
ministres et collègues (Jean Charest fut ministre
dans le cabinet de M. Mulroney alors qu’il était au
pouvoir) ont fait leur entrée dans la salle, sous les
applaudissements de nombreux spectateurs. Philippe
Couillard, chef du parti libéral du Québec, était parmi
les témoins de l’événement. Au cours de la soirée,
Jean Charest fit effectivement quelques blagues sur
les difficultés rencontrées par un politicien coincé
dans l’opposition, une référence directe à la situation
de M. Couillard qui prit la chose avec humour.
Une influence inégalée
Une chose sur laquelle MM. Charest et Mulroney
ont pu s’entendre fut l’influence énorme que Claude
Ryan avait par ses écrits en tant qu’éditorialiste au
Devoir. Homme sympathique pour ceux qui l’ont
connu, M. Ryan était un homme admiré pour ses
qualités de penseur. Il travailla très fort pour diriger
les forces du « Non » lors du premier référendum
sur la souveraineté. Plus tard, il écrivit un livre sur
les valeurs libérales, le fameux « Livre Beige ». Jean
Charest a souligné l’importance de ce travail, qui
selon lui a rendu le parti Libéral plus démocratique et
amélioré les relations entre le Québec et le Canada.
À son époque, Claude Ryan était l’interlocuteur
privilégié du Québec pour le Canada, mais sa façon
de voir les choses entrait en conflit avec la pensée
de Pierre Elliott Trudeau. Ainsi, ce dernier lui a causé
une grande déception suite au référendum de 1980,
alors que Claude Ryan croyait réellement au concept
de « Société Distincte » pour le Québec, une chose
pour laquelle M. Trudeau était en désaccord. M.
Charest a tout de même souligné les progrès obtenus
par le Québec depuis cette époque, tel qu’une place
à l’UNESCO ou la reconnaissance de son état en
tant que nation. Cela lui démontre la souplesse du
cadre canadien qui permet de faire une place pour
ses provinces.
Le Journal Horizon Weekend - 15 Février 2014 - Page 3