Guide-Repères Alimentation | Page 49

3.9.4 L’avis de référentes Claire Berthet et Virginie Vandermeersch, chargées de projets à CORDES asbl. Deux temps peuvent être distingués : • la situation : l’animateur devrait s’abstenir d’émettre un jugement de valeur/moral sur le repas pour éviter d’interpréter un cas unique comme une règle. Dans l’exemple, l’animateur trouve que le pain est rassis… qu’en pense Camille ? La placer comme première intéressée et concernée semble une bonne chose. L’animateur amènera Camille à définir clairement ce qu’elle reproche à son pique-nique et ce qu’elle aimerait idéalement trouver dans sa boite à tartines. Il tentera d’être dans la modération, la compréhension. L’idée est de construire avec l’enfant une solution adaptée à la situation, une solution construite, réfléchie et argumentée. « Ton pique-nique ne te plait pas ? Qu’est-ce qu’on fait ? ». Ecoute et questionnement devraient caractériser l’attitude première de l’animateur face à cette situation problématique. • la réponse : dans ce cas, l’animateur trouve le contenu de la boite à tartine honteux : donner du pain rassis à son enfant ! Même s’il ne verbalise pas son jugement, il va certainement faire transparaitre ce qu’il pense à travers son comportement (ses gestes, ses mimiques…). Il faut faire attention à ne pas imposer à l’enfant son propre point de vue sur la situation, mais au contraire tenter de faire preuve de compréhension et dédramatiser : « Bah oui ça arrive, on n’a pas toujours le temps d’acheter du pain frais. Tu sais, le pain ce n’est pas parce qu’il est un peu sec qu’il n’est plus bon… ». Dans l’exemple, l’encadrant décide de jeter les tartines et de partager son repas avec Camille. C’est une réponse radicale, fondée uniquement sur un jugement subjectif et personnel de l’animateur. Par ce geste, non seulement il impose son point de vue mais en plus il renvoie une image qui dénigre celui qui a préparé le pique-nique. Il y a d’autres solutions moins excessives à proposer à Camille : enlever les parties rassies, tremper le pain dans la soupe, garnir avec du frais, griller… Par ailleurs, le fait de partager unilatéralement son pique-nique avec Camille induit que : « mon piquenique est bien, contrairement au tien, qui ne mérite pas d’être mangé… prends le mien ! ». C’est un message fort, qui s’impose par l’autorité de celui qui l’émet. Cela ne permet pas à Camille de construire elle-même sa propre solution. Cet évènement peut être l’occasion de débattre avec le groupe la question des gouts et dégouts, du piquenique idéal, des habitudes de chacun, le partage… et d’imaginer des activités autour de ces thèmes. 47