Guide-Repères Alimentation | Page 20

3.2.5 L’avis d’un référent Marc André, formateur au Centre Bruxellois d’Action Interculturelle (CBAI) La question de l’alimentation halal est très sensible lorsqu’on travaille avec un public musulman. L’exemple mentionné nous montre un animateur de « bonne volonté » (ils le sont généralement) qui cherche une façon de satisfaire tout le monde en tenant compte des interdits alimentaires musulmans. Sa représentation de ces interdits semble cependant incomplète. Certes, les musulmans ne mangent pas de porc, mais plus généralement ce sont les viandes haram qui sont interdites, celle des animaux qui n’ont pas été tués bismillah - au nom de Dieu. Les viandes haram sont interdites et considérées comme « impures ». C’est cette notion d’impureté qui est parfois difficile à comprendre pour les non-musulmans. L’impureté, que l’on pourrait comparer à une sorte de toxicité spirituelle, n’est pas seulement inhérente aux viandes haram (qu’il s’agisse de porc ou d’animaux qui n’ont pas été sacrifiés au nom de Dieu), elle est aussi contagieuse par contact. Ainsi, un musulman qui a fait ses ablutions avant la prière doit les recommencer après avoir été en contact avec l’impureté, par exemple un chien. Cette notion de contamination est familière aux non-musulmans lorsqu’il s’agit d’hygiène par exemple, de microbes ou de radioactivité. Dans la situation qui nous concerne, la viande halal prévue pour les musulmans est devenue impure par contact avec la viande de porc qui est haram. La solution eut été de prévoir deux grills séparés. Ce n’est pas parce que nous comprenons mal des conceptions et des interdits qui nous sont étrangers que nous sommes dispensés d’en tenir compte. Si l’on veut organiser un barbecue où le public musulman aura vraiment sa place, il est essentiel de comprendre les interdits alimentaires musulmans et de les prendre au sérieux. Le refus de manger peut aussi être l’expression d’un mal-être au sein du groupe et une manière de rentrer en communication pour pouvoir en parler. Quant à savoir, pour chaque personne considérée ou s’affirmant comme musulmane, quelle importance ont ces interdits pour elle, c’est son problème personnel et pas celui des organisateurs du barbecue. 18