Flashmag Digizine Edition Issue 69 May 2017 | Page 19

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Quand j’ai appris que les gens allaient agresser les boutiquiers du nord à

Bamako, les accusant que c’est à cause d’eux que nous sommes dans cette situation, je me suis dit non ce n’est pas possible ! On est assez intelligent pour comprendre que certains veulent jouer aux pompiers pyromanes contre nous. J’ai arrêté toute ma tournée et je suis allé à Bamako, on s’est mis ensemble et on a parlé. Maintenant ça va c’est un peu tendu mais ça va. Tous les Touaregs qui ont quitté le nord sont à Bamako. On cohabite. On a dit aux gens que pourrait vous apporter la guerre, à un moment où chacun essaye d’avoir une existence meilleure ? Du coup tout le monde aujourd’hui au Mali est dans la même réflexion, et c’est mieux. A partir de là on comprend que la musique au Mali est assez puissante, pour influencer positivement les masses

J’ai l’impression que cette génération a compris, qu’il ne faut pas se culpabiliser et assumer d’être africain. Il se passe beaucoup de choses au niveau même du look. Les cheveux naturels sont à la mode, la dépigmentation de la peau est de plus en plus condamnée. Même les stars qui le font sont accusées. Au Mali certaines stars ont été critiquées pour ces pratiques discutables. Les jeunes leur ont dit vous qui êtes notre vitrine vous montrez un très mauvais exemple. Cette génération a arrêté de se plaindre. Elle agit.

Votre album le plus récent est un live intitulé At Home avec Roberto Fonseca sortit en 2015. Comment s’est faites cette symbiose avec les rythmes afro cubain, un mot sur cette expérience ?

Non, il y a un nouvel album de collaboration qui est sorti il y a deux semaines. Lamomali, de Matthieu Chedid. At home avec Roberto Fonseca était bien sur une très belle expérience je suis engagé à ma manière très calmement. Une expérience très forte pour moi car c’était la première fois que Cuba allait vers une chanteuse typiquement africaine. Donc j’avais besoins de me donner à 100%, car les Cubains sont nos frères qui ont voyagé et à travers la musique nous nous retrouvons. Donc ça été une expérience très émotionnelle très affectueuse sur scène. On continu d’ailleurs on était au Kenya l’année dernière.

Que dire de l’opus avec Matthieu Chedid, dont vous parliez tantôt ?

Disons que c’est Matthieu qui a voulu se joindre aux artistes maliens, à cause de l’actualité que vit notre pays. Une période très compliquée de notre histoire. On ne sait pas ce qui se passe au Mali. Même les maliens ne comprennent pas ce qui ne vas pas. On parle du nord pourtant les nordistes eux même ils souffrent de cette situation, il y a des rebelles certes mais ils font juste des revendications sur l’amélioration de la zone nous aussi au sud nous pouvons revendiquer l’amélioration des conditions de notre région mais cela ne sous-entend pas que nous voulons une présence militaire chez nous. L’affaire s’est compliquée et ça a pris une ampleur que même les habitants du nord ne comprennent pas.

On ne le dira jamais assez, la culture africaine est très riche mais elle a tendance à mal se vendre à votre avis la faute revient à qui ? Au manque de volonté politique des décideurs africains, ou alors aux artistes qui ont du mal à mieux s’organiser pour mieux profiter de leur art ?.

Non c’est la faute de personne encore une fois, c’est à nous de mieux travailler notre musique. Ceux qui le fond bien, vendent aussi bien. Toumani se comporte très bien sur les marchés, moi-même avec mon Album Fatou ça été correct. Beaucoup de chanteurs nigérians se vendent très bien, Wizboy et autres. Ils ont un public qui consomme leur musique, c’est peut-être un public différent mais il se vendent très bien, la jeunesse africaine achète leurs albums. Il se passe de très bonnes choses des choses vraiment positives.