Flashmag Digizine Edition Issue 69 May 2017 | Page 16

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Entre 2002 et 2008 vous faites exclusivement le théâtre, avec la compagnie de théâtre Royal de Luxe de Jean-Luc Courcoult. Que représente ce moment pour vous ?

: Cela été très formateur pour moi une très grande école, je crois beaucoup au destin. Je pense Dieu, a tout fait pour me mettre sur une certaine trajectoire. Le théâtre m’a montré à quel point il fallait respecter son travail. J’ai appris la rigueur dans le processus de création artistique. J’ai compris à quel point il fallait se donner à fond dans son travail, si on voulait avoir des résultats positifs. Je répétais du matin au soir, nous nous produisons dans la rue souvent en plein air, même quand il commençait à pleuvoir et que le public s’en allait, on finissait toujours nos pièces. Je venais de l’Afrique je jouais dans le froid, ce n’était pas facile mais j’ai persévéré, je n’ai rien lâché. Ça été l’école, à l’état brut je ne suis pas aller à l’école pour être comédienne, j’ai tout appris sur le tas le chant, jouer aux instruments ; tout je l’ai appris sur le tas. Et j’ai eu la chance de rencontrer des metteurs en scène de talent comme Sotigui Kouyaté, ou Jean-Luc Courcoult. Aujourd’hui beaucoup de gens me demandent comment je fais pour tenir ? Ils ne comprennent pas, par ce qu’ils ne sont pas passé par le chemin que j’ai parcouru. Je peux jouer aujourd’hui à Rio, et être le lendemain à Paris et garder le sourire pour mon public, par ce que je suis passé par le théâtre, là où la nature fait partie des éléments de l’art.

La musique cependant vous ne la lâchez pas vraiment, car on vous verra contribuer aux projets des artistes de renommée mondiale, comme Cheick Tidiane Seck, Oumou Sangaré, AfroCubism, Dee Dee Bridgewater (Red Earth : A Malian Journey), l’Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou, ou Herbie Hancock avec Imagine Project, qui sera primé aux Grammy comment ces expériences vous ont influencés ?

Ça été très formateur aussi ces rencontres, d’ailleurs on est en train d’enregistrer le second album-là, et vous verrez que toutes ces rencontres m’ont influencé. Toutes ces expériences m’aident à mieux exprimer la musique traditionnelle. Je viens d’une région « pentatonique »

(musique avec gamme composée de 5 notes très usuelle, car la limitation des notes permet son application dans plusieurs genres) Je garde la racine du Wassoulou, un type de chant et de rythme, qui viens de ma région d’origine, que j’applique à plusieurs autres contextes musicaux. Alors c’est un partage, un échange musical, avec les autres genres, qui permet un enrichissement mutuel. Inconsciemment nous sommes les gardiens de notre culture. Et tous ces grands artistes, ont beaucoup de sensibilité et forcement on se comprend facilement. Car ils comprennent qu’ok, cette jeune femme fait partie de la famille, on l’appelle par ce qu’on sait qu’elle est dans la même cour. Vous savez on se reconnait entre nous, il ne s’agit pas toujours de technique, mais de la concordance dans la vibration des styles.

En 2011, vous sortez votre premier opus Fatou. Comment s’est faite la préparation de cet album, qui vous a vraiment mis sur la carte des musiciennes du mondes ?

Ça s’est fait très naturellement, j’ai appris à jouer de la guitare sur cet album-là. Un album fragile, naïf mais aussi très compliqué les connaisseurs de la musique, peuvent comprendre la subtilité. Je suis allé calmement dans cet album, par ce que je me suis dit j’ai tout le temps pour montrer ce dont je suis capable de faire. C’était un propos introductif de ma personne, une présentation en fait. Il est plein de simplicité et d’amour.

C’est vrai la musique a un langage universel, mais avez-vous déjà essayé de chanter en une