Flashmag Digizine Edition Issue 69 May 2017 | Page 15

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mots facilement, j’ai toujours eut cette voix cassée quand je parle qui ne s’épure que lorsque je chante. L’expression artistique m’a toujours permis de me libérer. L’art pour moi est la voie de Dieu, la voie de la spiritualité, la voie de la fusion, la voie de l’espoir, de la positivité de la meilleure communication qui soit en ce qui me concerne.

Lorsque vous débarquez à Paris à 18 ans quels sont vos impressions et vos objectifs ?

Je suis arrivé à Paris dans un état d’adolescence et un peu perdu. Une adolescente qui se cherchait, qui avait besoins de trouver sa voie, sa paix et sa tranquillité. Sa liberté en tant que femme africaine, qui avait besoin de se battre, afin de montrer l’exemple à la future génération. J’ai échappé belle au mariage forcé avec un cousin, j’étais un peu perdu au début, je réalisais pas encore que j’avais pu échapper à cet aspect complexe de notre coutume. Ce fut beaucoup de souffrance, beaucoup de solitude beaucoup de réflexion, j’ai dû me construire dans cette solitude pour devenir qui je suis aujourd’hui.

Pourquoi retournez-vous au Mali en 2001 ? Certains auraient espéré que logiquement il fallait continuer à fourbir votre art, dans un environnement offrant plus d’options ?

En fait je retourne au Mali par ce que le nouveau ministre de la culture à l’époque, Cheick Oumar Sissoko, me fait venir au pays. En tant que cinéaste, il m’avait offert mon premier rôle dans le film la Genèse. Alors il voulait savoir qu’est-ce que je devenais, où était cette jeune fille qui avait joué le rôle de Dina dans ce film la Genèse. Il avait un projet l’Opera du sahel, une comédie musicale qui malheureusement n’a pas pu aboutir. En France j’étais déjà engagé avec une compagnie de théâtre de rue, et je travaillais dans le projet Kirikou et Karaba, dans lequel j’avais un rôle très important, celui justement de Karaba la sorcière. Quand je suis retourné à Bamako, c’était mon premier retour au pays après un bon bout. C’était difficile. J’ai essayé de prendre contact avec ma famille mais hélas nous n’avons pas eu assez de temps à peine une journée, après quoi je suis retournée en France. C’est après 2012 que j’ai décidé d’aller m’installer au Mali.

En tant que chanteuse, j’ai besoin de ma terre, de rester connecté à mes racines, à mes ancêtres, qui m’inspirent dans tout ce que je fais. Malgré le poids de la famille, je dois concilier avec mes ancêtres, afin qu’ils m’aident à durer dans le temps. Il faut faire une distinction entre ma famille et ma profession. Mes ancêtres m’ont toujours, soutenu dans toutes les situations. Il m’a fallu un temps de maturation pour comprendre certaines choses. Il y a un aspect visible et invisible dans notre culture que l’on ne maitrise qu’avec le temps. Voilà

Avec le temps votre famille a-t-elle compris que cela était votre voie ? quels sont vos rapports actuellement avec ceux qui s’étaient opposés avant, à votre aventure artistique ?

Oui cela a beaucoup évolué, après ils ont compris. En fait dans ma famille quand j’étais enfants, ils ont eu tous peur de mon énergie, car ils avaient du mal à la contrôler, j’avais une certaine liberté de m’exprimer quand je devais danser chanter. En fait j’ai été incomprise au départ car j’étais un peu spéciale. C’est pourquoi dans mon œuvre je prône la tolérance de la différence. Quand je me suis enfui et qu’ils voyaient mes œuvres, forcement cela a aidé à leur faire comprendre que c’était ma voie. Et que j’étais sur terre pour porter un message. Ils étaient très contents quand j’ai décidé d’aller m’installer au Mali en 2012. Ils ont compris que je suis en mission. C’est plus fort qu’eux, c’est plus fort que moi-même. Je dois pérenniser l’histoire de la culture malienne, que des notables aînés ont Commencé Ali Farka Touré, Salif Keita, Oumou Sangaré, Rokia Traoré, et bien d’autres.