Flashmag Digizine Edition Issue 96 August 2019 | Page 31

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Imane Ayissi Bonjour, c’est un réel plaisir de vous avoir comme invité vedette de Flashmag! ce mois. La dernière fois que l’on s’est vu, je pense c’était en Juillet 2011 lors de la présentation de votre Collection Mimbak printemps été 2012 qui avait été couverte par notre Magazine à Paris.

Imane Ayissi : Bonjour

La première question est évidente, depuis 1992 avec la collection Koué Meutouana (coccinelle), présentée au Musée des Arts Africains et Océaniens, à la Porte Dorée, de Paris, vous avez sorti chaque année des collections qui continuent de faire foule, et qui à chaque fois sont uniques à quoi devez-vous cette régularité de création et surtout qu’est qui vous motive à continuer ?

Je pense que lorsqu’on est un « créatif », ou que l’on a la fibre artistique, on ne peut pas s’arrêter de créer des choses nouvelles. Ma motivation est que je pense pouvoir toujours apporter des choses nouvelles ou au moins mon point de vue personnel sur la mode. En plus nous sommes dans un contexte où l’Afrique n’occupe pas encore une place très importante dans l’industrie de la mode, donc j’ai encore beaucoup à faire. En revanche ce qui n’est pas toujours facile est de réunir les conditions matérielles pour créer et présenter une collection, mais en gérant les choses de manière assez prudente, j’ai réussi à le faire jusqu’à maintenant et à développer ma marque.

L’Afrique est votre majeure source d’inspiration à votre avis pourquoi malgré la richesse de l’univers culturel africain beaucoup continuent à ne pas la prendre en compte dans le processus création de la mode ?

Les différentes cultures africaines sont présentes dans le mode, parce que depuis les années 60 et plus précisément depuis la collection dites « Bambara » d’Yves Saint Laurent de 1967, les couturiers, créateurs et grandes marques de modes occidentales mais aussi japonaises, se sont largement inspiré d’éléments de cultures africaines pour créer des collections. L’Afrique est quasiment absente de la scène de la mode matériellement, parce qu’il y a très peu de marques africaines, de créateurs africains, mais aussi de textiles africains, de fabrications africaines…etc.

Certains créateurs estiment que ce qui est catégorisé de folklorique ou rustique comme le vêtement africain, ne peut pas être chic et commerçable à l’échelle mondiale est-ce vrai ?

: Tous ce qui est rustique ou folklorique peut être une source d’inspiration du luxe mais ne peut être vendu tel quel comme produit de luxe international, parce que le luxe signifie excellence dans la fabrication, les finitions…etc. Donc bien sûr il faut adapter les produits africains à cette exigence de sophistication si l’on veut faire du luxe, mais c’est tout à fait possible, c’est ce que je fait je pense. En revanche, pour beaucoup de raisons, dans l’imaginaire mondial, le continent africain n’évoque pas directement l’idée de luxe, comme la France ou l’Italie par exemple. Il y a donc tout un travail de déconstruction et de reconstruction autour d’une idée d’excellence africaine.

Vous avez été chorégraphe, mannequin et avez publié deux ouvrages des recueils de contes Minlang Mi Ngorè, et Le Silence du Masque. En quoi ces différentes réalisations de votre parcours ont influencé le créateur de mode de renommée mondiale que vous êtes aujourd’hui ?

Pour moi, dans chacun de ces domaines, il s’agit de raconter des histoires, mais avec des moyens différents. Donc je fais toujours un peu la même chose… Ensuite il est vrai que mon parcours dans la danse m’a apporté une approche du corps particulière qui influence la mode. Je ne pense jamais le vêtement en terme abstrait mais toujours porté sur un corps et en relation avec lui.

Lorsque vous pensez à ces années juvéniles où vous flirtiez avec les milieux de la danse et de la mode dans votre Yaoundé natal, aviez vous pensez que vous arriveriez à ce niveau ? était ce quelque chose que vous envisagiez, être créateur de mode ?

Oui la mode m’attirait déjà et j’ai fait mes premiers pas dans la mode très jeune à Yaoundé chez Blaz Design. En revanche je ne