Flashmag Digizine Edition Issue 111 November 2020 | Page 20

De la world music au Hip hop en passant par le Reggae et l’Afro beat, Bill Akwa Bétotè a enregistré à travers l’objectif de sa caméra, la naissance d’un monde de sonorités uniques, qui auront marqué des générations de mélomanes à travers le monde

Elia Hoimian, son collègue reporter photographe à Blacknews.fr témoigne : « Mes premiers souvenirs de Bill se perdent dans les concerts… pratiquement tous ce que le monde musical, bouillonnant des années 90 pouvait nous offrir. Paris bougeait, Paris vivait. C’était les débuts du hip-hop, des premiers succès de la musique africaine, la naissance du trip-hop, de l’acid-jazz, de la Brit Soul, les moments où le Reggae vivait à travers le passage de ces grandes légendes au Bataclan ou à l’Elysée Montmartre, sous l’impulsion de Garance ou d’un autre Camerounais, intrépide, qui faisait de la résistance, Simon.

Jeune éditeur du magazine Black News, je croisais souvent Bill lors de ces concerts, de loin, ce grand bonhomme, toujours souriant, avec son appareil photo en mains, quand ce n’était pas un verre de bière, m’intriguait. Quelques années plus tard, je me retrouvais les après-midis chez lui, à faire des shoots photos pour « Sisters’s »,

le nouveau magazine féminin que je m’apprêtais à sortir. Et « Bill » avait gentiment accepté de m’accompagner dans cette aventure et d’en être le photographe et directeur artistique attitré. Nos séances toujours bien arrosées, se passaient dans la bonne humeur, les rires, les plaisanteries bien de chez nous, et quelques grivoiseries (sic). Bill était toujours enjoué, souriant, riant aux éclats, avec une bonhomie dont il ne se départissait jamais. Le projet « Sisters » ne s’est finalement pas réalisé, et j’avais pendant un long moment quitté la France. Et perdu de vue Bill. Pour apprendre hier qu’il était très malade depuis quelques temps, même sous dialyse et finalement décédé des suites d’un cancer. »

Jacques Matinet l’un de ses acolytes de toujours, dans un article portrait paru dans Le Matin de Paris, dit de grand Bill, car il faisait presque 2 mètres que : « Akwa Bétotè, c'est en effet, un regard qui fixe sur la pellicule l'émergence de nouvelles cultures aux colorations métisses; avec Paris et ses banlieues comme port d'attache. Un travail insolite, inédit, un regard noir d'un mutant sur les mutants qui participe tant aux instants fugitifs de la rue, de la nuit, des visages quotidiens qu'aux vibrations des lieux qui naissent et meurent...

Une photographie qui puise sa vitalité dans le mouvement, le plaisir de la surprise, l'impertinence du regard, la liberté du langage...En tout cas l'arrivée d'un photographe au regard intime et profond qui mêle incongruité et macro-histoire, et crée sa propre dynastie.

Akwa Bétotè est un photographe des milieux, un témoin, un sujet, une langue en lui-même, pas seulement celle des images mais celle qui permet de parler de l'image dans quelque circonstance, dans quelque endroit que ce soit. »

Africultures dans un article biographique au moment de son exposition Paris 80 Pulsations en 2015 souligne que : « Bill Akwa Bétotè est né au Cameroun en 1952 à Douala. En 1972 alors qu’il n’a que 20 ans, il s'installe en France. Sa passion pour la photographie, liée à sa curiosité pour ces "nouvelles cultures" qui émergent à cette époque dans les banlieues parisiennes et ne vont pas tarder à remplir les petites et grandes salles de spectacles en France et au-delà, fait de Bill Akwa Bétotè le premier chroniqueur photographique africain de ces phénomènes. Les premiers médias à accueillir ses photographies sont les journaux tournés vers l'actualité de l'Afrique, puis c'est au tour de tous les quotidiens ou magazines s'intéressant à ces musiques, ces modes de vies, ces modes tout court. Il suit toutes les sagas culturelles, métisses ou pas, qui s'expriment sur des musiques aux racines "ethnos" amplifiées par les sonorités d'un monde transversal, sans cesse renouvelées. D'aucun savent qu'il est difficile de rendre compte de spectacles musicaux aux ambiances agitées et kaleïdoscopiques. Bill Akwa Bétotè évite tous les "clichés" de ce genre de prises de vues, sachant faire deviner derrière ses images fixes la mobilité des couleurs, des sons, les expressions des musiciens, des chanteurs, et toute la richesse de ces univers qui illustrent nos vies. »

Dans un portrait dressé par Jean Berry sur sa vaste carrière, publié le 18 Mai 2015, dans le magazine Africulture.com à l’occasion de son exposition Paris 80 – Pulsations, du 12 mai au 1er juin 2015 au Théâtre Berthelot à Montreuil dans le cadre du festival Rares Talents, et du 1er au 29 juillet 2015 au Cabaret Sauvage dans le cadre du Black Summer Festival ; on pouvait lire : « Miriam Makeba, Fela Kuti, Salif Keïta… Dans les années 80, le photographe camerounais a immortalisé en noir et blanc, les premiers pas des artistes africains dans la capitale française. Un travail unique sur un mouvement d’affirmation identitaire, qui révèle, aujourd’hui, sa dimension historique.

Bill Akwa Bétotè grandit à Douala dans les années 1960. C’est un oncle, homme d’affaires, qui ramène des clichés du Japon ou des Etats-Unis, qui lui donne le goût du voyage et de l’image.

Körinn "Traversée "

cliquez pour jouer

+33 06 69 50 46 85 +330 6 19 08 84 07

[email protected]

...............20............

Flashmag November 2020 www.flashmag.net

opyright