Flashmag Digizine Edition Issue 109 September 2020 | Page 22

, avec plein de machines. Il a connu quelques galères, mais par contre son producteur lui avait payé une école de guitare classique. Je pense que c’est la meilleure chose qu’il ait fait pour lui. Avant, travailler sur la maitrise de son instrument était très important, même les producteurs s’arrangeaient à ce que leurs artistes apprennent la musique. Après il est venu me voir à Besançon afin que je fasse quelque chose. Moi j’étais déjà engagée dans un autre projet, « Radio trottoir » avec un musicien congolais. Alors je lui ai dis on va essayer. On a commencé à faire des maquettes et là il a compris que de travailleur avec un pro cela changeait beaucoup, et c’est aussi là, que j’ai compris qu’il y avait un potentiel chez Henri.

Cathy Renoir c’est une amie de longue Date on s’est rencontré chez Ray Lema car elle chantait là-bas aussi. Elle était venue en vacances chez moi. Et on était en train de faire des maquettes alors j’ai dit « Cathy est ce que tu peux nous dépanner elle y a posé sa voix et ça a marché. Comme c’est quelqu’un de très sympa elle a accepté de faire tout l’Album gratuitement Cathy c’est vraiment quelqu’un qui s’est énormément investie pour Henri Dikongué ; d’ailleurs ils travaillent toujours ensemble je crois.

Quand l’Album sort est ce que vous espériez le succès mondial que cette Album aura connu ?

Sincèrement quand le premier album est sorti, j’étais plus concentré sur la France, car j’avais focalisé tout sur la France éditeurs distributeurs, tournées… en France malheureusement cela n’a pas marché comme on l’aurait cru. Mais la grande surprise c’était le Cameroun. Lorsque les cassettes sont sorties et les vidéos aussi on les a envoyés chez un distributeur qui lui-même n’y croyait pas trop car c’était différent et nous-même on avait peur, on se disait les camerounais vont nous chambrer [rires] donc on avait peur. Ça nous a dépassé… comme quoi, on peut réussir à toucher les gens avec des chansons acoustiques

Vous avez travaillé avec Canal+ dans l’émission « nulle part ailleurs » à la fin des années 90 qu’est ce que cette expérience de la télévision a apporté à votre vision de l’art ?

Ça m’a conforté dans l’idée qu’il faut être professionnel. Si on a l’impression que l’on s’amuse à la télévision, en fait derrière il y a un très grand travail. Une époque charnière où le travail d’équipe était très convivial. Antoine de Caunes, le présentateur vedette de l’émission était un mec très sympa qui aimait en plus la musique et comme ils invitaient les artistes du monde entier quand ils avaient besoin d’un percussionniste parfois ils m’appelaient quoi. Et j’ai aussi compris le travail de la caméra. Et c’était quand même une référence ; l’émission la plus regardée en France à l’époque .

Comment conciliez vous les métiers de producteur et d’artiste musicien ? même si cela reste dans le même milieu cela semble difficile de faire les deux en même temps ?

C’est très difficile, je l’ai d’ailleurs mieux compris lorsque j’ai arrêté de travailler avec Henri. Même s’il y a du succès les gens ne comprennent pas qu’il n ya pas forcement de l’argent. Les investissements ne produisent pas toujours immédiatement des profits. Surtout à l’époque où l’on utilisait des grands studios d’enregistrement. La réussite quand même c’est déjà de faire connaitre un artiste. Et puis avec Henri Dikongué il fallait aussi montrer que l’on peut s’associer entre camerounais, et faire quelque chose de productif…

Je sais le Cameroun, votre pays d’origine est un casse-tête tropical, où il ya trop d’individualistes…

Maintenant parlant de la musique africaine et caribéenne et des nouvelles vagues qui semblent être influencées, par la facilité des outils de création des nouvelles technologies. Pensez vous qu’elle va dans la bonne direction au moment où tout le monde peut s’enregistrer et se publier, la pléthore et la facilité de réalisation nuisent elles, à la qualité des musiques africaines et caribéennes ?

Personnellement je pense que la technologie nous dessert. Moi je me souviens que je gagnais dix fois mieux ma vie mieux tant que producteur avant internet.

Puis qu’il n’y a plus de maison de disque aussi il n’ y a plus de filtre. Il y avait des professionnels qui filtraient quand même après on pouvait débattre sur leur filtre. Comme il y avait plusieurs maisons de disque alors il y avait plusieurs filtres. Aujourd’hui avec internet, sur YouTube une vidéo d’un chat qui se casse la gueule fait des millions de vue et celui qui la poste gagne de l’argent, et un artiste qui produit des œuvres d’arts parfois n’égale pas ces chiffres. Aujourd’hui c’est une espèce de gabegie, à défaut d’avoir beaucoup d’argent pour sortir ses produits du lot ça reste difficile . Mais bon c’est une période qui est comme ça et forcement il y en aura une autre que j’espère sera meilleure pour les artistes.

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Photo Christa Evenell

Make Up: Felix Muller