Flashmag Digizine Edition Issue 109 September 2020 | Page 20

Alors, j’ai un peu un parcours atypique de par mon métissage déjà. Né en France c’est à l’âge de 8 ans que mon père décide de retourner s’installer au Cameroun. Mon père était professeur de chimie minérale à l’université. Vous pouvez comprendre que c’est très éloigné de la musique… Mais, au Cameroun je découvre l’Afrique, et un pays riche en couleurs et en sonorités. Le pays vibrait dans la musique tout le temps, et il parait que tout jeune cela m’attirait beaucoup. Coté filiation je crois que cela vient plutôt de ma mère française, dont le père était batteur dans un groupe de musique. C’est une famille de musiciens… ils organisaient des bals dans l’est de la France. Je pense ma mère a toujours beaucoup écouté la musique plus que mon père qui lui était un scientifique. Même si j’ai commencé la musique un peu tard, aux environs de 15 ans.

Né en France d’un père camerounais et d’une mère française vous retournez en Afrique dans les années 70, et revenez en France dans les années 80 alors cette décennie et plus passée en Afrique comment est-ce cela a influencé l’artiste que vous êtes devenu ?

Je pense que c’était fondamental . Moi je remercie mon père de ne nous avoir pas laissé en France. Car je n’étais pas un enfant très heureux en France. Je me rappel c’était un pays assez froid, alors que moi je suis quelqu’un de jovial. Et quand je suis arrivé au Cameroun je me suis dit, bah voilà ! ça c’est la vie ! Pourquoi on m’a caché ça ?!

J’avais l’impression d’être passé d’un écran noir et blanc, à un écran en couleur. Avec les sons, les couleurs, les cris les rires, les pluies… quand vous êtes enfant cela vous frappe. Pour moi c’était vraiment une bénédiction de découvrir l’Afrique. C’est la période la plus importante de ma vie… l’adolescence au lycée Leclerc de Yaoundé, la découverte de la musique.

L’underground parisien des années est une scène grouillante de talent comment vous intégrez ce milieu ? Et des années plus tard, s’il fallait jeter un regard sur la scène de ces années-là que diriez-vous ?

C’était une période formidable, vous savez Mitterrand venait d’arriver au pouvoir. Ils ont injecté beaucoup d’argent dans la culture. Et cela a ouvert la France à d’autres cultures, moi j’ai vu par exemple l’éclosion des Yossou Ndour, Salif Keita… J’étais très jeune… mais c’était la première fois que l’on voyait de grands musiciens africains collaborer avec des grands musiciens occidentaux et fusionner leurs rythmes à la pop et autres. Moi il ya quelqu’un qui m’attirait beaucoup Ray Lema. Je pense qu’il avait un parcours atypique. Et puis venant aussi d’Afrique centrale, je pense qu’il m’interpelait plus. C’était un gars moderne qui venait d’Afrique centrale. Un congolais, j’invite vraiment les gens à découvrir son travail, car c’est très original. Donc c’était l’une des premières personnes que je suis allé voir pour travailler avec.

Il faut savoir que Paris était la capitale de la musique du monde. C’est d’ailleurs en ces années-là que le terme world music à commencer à circuler. Je pense c’est Peter Gabriel, qui le premier avait commencé à utiliser ce mot. Il y avait un foisonnement des musiques du monde à Paris et ce fut une chance inouïe d’y être à cette époque-là. J’ai fait des tournées avec Peter Gabriel, Geoffrey Oryema, Papa Wemba, et bien d’autres… c’est pourquoi lorsque j’ai décidé de me consacrer à ma propre production j’étais riche de toutes ces rencontres.

Lorsqu’en 1992 enfin vous ouvrez votre studio d’enregistrement, qu’est-ce que vous vous dites. Ça y est, ou alors c’est le début des nuits blanches avec les responsabilités que cela comporte?

Exactement [rires]… Merci de le rappeler par ce que les gens voient toujours le CD et les Clips, mais ils ne savent pas toujours le travail qu’il y a derrière tout ça. Beaucoup de responsabilités merci de le souligner. C’est comme quand on a des enfants cela apporte de la joie, mai aussi cela comporte beaucoup de responsabilités. Il faut gérer le stress et parfois on investit aussi bien humainement que matériellement, sans garanti de retour d’investissement. C’est une période qui m’a fait comprendre que j’étais beaucoup plus un composeur et producteur qu’un accompagnateur. Je pense avoir beaucoup de choses à dire

Percussionniste et producteur de musique on dirait que vous avez toujours su mettre les autres en avant. D’où vous viens cet altruisme, dans un milieu où l’individualisme est souvent pourtant légion ?

Ah, je ne sais pas trop… c’est vrai je ne me suis jamais trop posé la question. Vous savez je viens d’une génération de musiciens d’une époque où il n’y avait pas trop de machine où il fallait aimer travailler avec les autres, et apprécier les talents des autres aujourd’hui on ne fonctionne plus trop comme ça. C’est vrai que la technologie a rendu aussi les gens très individualistes. Bon après tout quand même j’aime le talent des autres. Les autres voix… car je crois que son talent plus le mien cela peut donner quelque chose d’intéressant.

Körinn "Traversée "

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