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culture
La 26ème édition des Journées Cinématographiques de Carthage ( 21-28 novembre ) sera la première session où le festival sera annuel . Une session laboratoire comme le souligne son nouveau directeur Brahim Letaïef . Une session qui sera sous le signe du retour aux fondamentaux des JCC : La promotion du cinéma africain et arabe avec en affiche , les pères fondateurs , Tahar Chériaa et le réalisateur-écrivain sénégalais Ousmane Sembène .

JCC 2015

Une session laboratoire

La réalité dépasse souvent la fiction . Brahim Letaïef , le nouveau directeur des Journées Cinématographiques de Carthage et son équipe travaillent à partir d ’ une feuille blanche . Autrement dit , les JCC , qui ont près de 50 ans d ’ existence , n ’ ont aucune archive , pas de carnet d ’ adresses , encore moins de dossier de presse de l ’ édition précédente … Une aberration ! Les directeurs de festivals valsent d ’ année en année sans passer le flambeau , sans rien transmettre . Ce seul point souligne , une fois de plus et avec acuité , la nécessité de créer un bureau permanent des JCC . Réclamé depuis des années par les professionnels , les différents ministres de la Culture - qui changent aussi vite que les directeurs du festival - sont restés sourds à cette évidence , une condition sine qua non pour que les JCC gagnent en cohérence et en efficacité . Pour Brahim Letaïef « les JCC peuvent rester sous la tutelle du ministère de la Culture , mais il faudrait créer une fondation du festival pour assurer une permanence , une continuité . On ne peut pas juger un comité d ’ organisation sur une seule session . » De fait , Brahim Letaïef s ’ est engagé à remettre un rapport à l ’ issue de cette 26ème session qui plaidera pour un comité permanent et la sauvegarde des archives .
Entre Berlin et Sundance
Si le retour aux fondamentaux des Journées Cinématographiques de Carthage s ’ est imposé , à savoir la promotion du cinéma africain et arabe , un bureau d ’ étude a planché gracieusement sur une définition de ce festival de cinéma . Il s ’ avère que les JCC , grâce à la participation fidèle et nombreuse du public , se situent entre le festival de cinéma de Berlin et le Sundance Film Festival créé en 1978 par l ’ acteur Robert Redford pour valoriser les productions indépendantes . De fait , depuis les origines , la part belle est toujours revenue aux réalisateurs aux JCC . Acteurs , actrices ou starlettes n ’ ont jamais vraiment fait recettes . C ’ est donc dans cette veine que s ’ inscrit cette session , la première annuelle , avec une ouverture sur les cinémas du monde , en particulier sud-américain . Cette année , le cinéma argentin sera à l ’ honneur .
Brahim Letaïef déplore que la ville de Tunis « n ’ a pas de salle digne d ’ un festival de cinéma . Entre la salle du Colisée qui est en très mauvais état et le Théâtre Municipal , les options sont restreintes . Le manque d ’ espace fait que les soirées d ’ ouverture et de clôture feront toujours des mécontents . » Avec un budget de 3 millions de dinars dont 2,2 millions assurés par le ministère de la Culture et le reste par des sponsors pas encore tout à fait acquis , les JCC vont devoir jongler car « aujourd ’ hui , à l ’ exception des films en compétition , tous les films doivent être achetés . Les distributeurs sont de moins en moins sensibles à l ’ argument culturel », regrette Brahim Letaïef . •
Farida Ayari
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