Dossier
ou social. Les réseaux sociaux permettent
aussi un melting-pot social où des individus
de différents milieux, à priori pas faits pour se
rencontrer, entrent en interaction. Toutefois,
ces rencontres virtuelles peuvent provoquer
des ravages émotionnels et les profils fragiles
feraient mieux de s’abstenir.
Netcharfoo, réseau 100 % tunisien
Lancé le 12 juillet, Netcharfoo (enchanté
en tunisien) a déjà près de deux milliers
d’abonnés. Pour son fondateur, Slim Tebourbi
« c’est donner aux femmes le pouvoir de
choisir », les hommes doivent rivaliser de
charme pour séduire. Comme son homologue
français Adopteunmec.com, des profils
types sont publiés sur le site et « vendus »
avec des slogans gastronomiques : « Au
menu aujourd’hui le sahar à déguster avec
modération », « Pour le plaisir des papilles le
chic à dorer au four », « Le geek pour un hub
gustatif »… A la femme de choisir d’un clic.
Les adeptes de Netcharfoo ont entre 18 et 40
ans et se répartissent à quasi-égalité entre filles
et garçons. « L’objectif est de proposer un
moyen supplémentaire aux Tunisiens de faire
de nouvelles rencontres en dehors de leurs
cercles habituels et de leur permettre d’aller les
uns vers les autres tout en donnant l’avantage
aux femmes. Ainsi, elles sont en confiance, ne
sont pas importunées par des personnes qui
ne les intéresseraient pas et peuvent s’amuser
sur une plateforme sécurisée et anonyme »
explique Slim Tebourbi. Nous verrons à
l’usage ce que deviendra Netcharfoo. Quoi
qu’il en soit, à propos d’Adopteunmec.com,
lancé en 2007 comme un grand supermarché
des rencontres en ligne, huit personnes
sur dix se disent déçues par le manque de
sérieux. Pour Alain Héril (1), psychanalyste et
sexothérapeute, « sur ces sites, l’autre est vu
comme un produit qui doit être conforme
à nos attentes. Dans le virtuel on peut jeter
l’autre à la moindre mésentente et sans l’once
d’une culpabilité. » Un effet zapping très dur
pour les dépendants affectifs.
Tinder à la tunisienne
A l’origine, aux Etats Unis et en Europe, Tinder
(pour les hétérosexuels) est une appli pour une
relation sexuelle sans lendemain. Le paramètre
automatique vous permet de localiser à 5 km à
la ronde, des partenaires sexuels de 28 à 38 ans.
On peut affiner le paramètre pour une tranche
d’âge plus large. Deux ou trois photos de
profil, l’âge et les mensurations sont les seuls
indicateurs pour décider de liker ou de mettre
à la poubelle. C’est un peu le speed-dating
digital. On échange quelques messages et si
ça mord, on se retrouve. Une polémique vient
d’être lancée par le « Vanity Fair » américain
qui estime que 30 % des mecs sur Tinder
sont mariés et à la recherche de « coups »
adultères, Tinder réplique que seulement 1,7
% de ses utilisateurs masculins sont mariés.
En Tunisie, quel que soit le degré d’évolution
de notre jeunesse, peu de membres osent
avouer qu’ils sont sur un « plan cul ». Plusieurs
jeunes femmes m’ont affirmé que si les mecs se
positionnent pour une relation sexuelle, elles
le mettent directement à la poubelle. Pour les
autres, si ça accroche sur Tinder, ça bascule
immédiatement sur Facebook car on veut
savoir tout de sutie qui est qui. C’est en gros
ce que l’on reproche à Tinder : « Tu restes
toujours en surface. Si un mec ne te plaît pas,
tu sais qu’il y en a des centaines d’autres, donc
tu ne cherches plus à connaître les gens en
profondeur».
Tout comme Netcharfoo, Tinder est une appli
pour smartphone, en principe réservée aux
célibataires. Mais compte tenu de la polémique
lancée aux Etats Unis sur la présence d’hommes
mariés, il ne serait pas étonnant qu’en Tunisie,
beaucoup d’hommes mariés se soient inscrits
sur Tinder dans l’espoir d’une gâterie extraconjugale d’un jour ou d’un soir.
(1) Auteur de « Femme épanouie » Ed. Payot, 2012
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Farida Ayari