Cette réunion pourrait être le prélude à des assises
du cinéma que Hichem Ben Ammar réclame depuis
fin 2014 : « Tout de suite après les élections, nous
pensions tous que le nouveau gouvernement allait
engager des réformes structurelles pour assurer
le développement du secteur audiovisuel et
garantir par la même occasion la pérennité
des manifestations cinématographiques. Il
est également essentiel de reconstruire et de
moraliser le marché pour permettre à une dynamique
de s’instaurer. Or, au lieu de donner de l’autonomie
aux producteurs, le ministère a continué à se définir
comme une assistante sociale obligeant les artistes
à se comporter comme des clients cherchant des
solutions individuelles et non globales. Quand j’ai
constaté qu’il n’y avait pas la volonté de transformer
le paysage audiovisuel en profondeur mais seulement
l’intention de coller des rustines, j’ai essayé de tendre
la main à des personnes et à des associations, et là j’ai
constaté une grande fragmentation du secteur. Je me suis retrouvé seul et
critiqué par ceux qui se sentaient en rivalité. Alors, j’ai crié ma colère sur
les réseaux sociaux pour en appeler à la conscience de cinéastes qui
ne veulent plus agir ensemble et pour dénoncer les institutions qui les
divisent. Résultat : je me suis mis en porte-à-faux par rapport à toutes les
générations et tous les clans. Les responsables me voient un peu comme
un empêcheur de tourner en rond et les jeunes ne veulent pas s’impliquer,
de crainte de se faire mal voir des financiers et de certains producteurs qui
leur font miroiter un succès international. Je perçois aussi chez les jeunes
une envie de pouvoir irrépressible et un empressement à remplacer trop
rapidement des aînés qui ont de la compétence et qui n’ont pas encore dit
leur dernier mot. La tendance à dénigrer tout le monde sans discernement
n’est au fond qu’une manière de faire le vide autour de soi. En m’excluant, ils
m’ont donné l’impression que j’étais vieux ! Cette fracture générationnelle
est stérile. Le dialogue est rompu. En attendant des jours meilleurs,
chacun va continuer à creuser son trou. S’il fallait retenir une image de
la situation du cinéma ce serait celle du volcan. Avant la révolution nous
étions tous dans une soupe en fusion, une sorte de magma, aujourd’hui
que l’irruption du volcan a eu lieu, les scories propulsées hors du cratère se
sont figées chacune dans une posture qui révèle sa vérité profonde.
Jamais la profession n’a été aussi fragmentée : Il y a aujourd’hui neuf
syndicats qui rassemblent sous différentes appellations les réalisateurs,
les techniciens, les producteurs. Ces derniers se sont scindés entre
producteurs de longs et de courts-métrages, ce qui est u