FdT Mai | Page 95

Haute-Ville Je suis assise sur un banc de la terrasse Dufferin, cheveux au vent, plume à la main. Devant moi, paisibles, les eaux du Saint-Laurent. La ville de Québec n’est pas une ville dynamique à l’image de ses sœurs canadiennes, toutefois ce petit bijou pittoresque séduit à coup sûr. Tout près, les remparts quasiment intacts qui entourent la vieille cité sur près de cinq kilomètres accentuent le caractère historique de la ville. C’est ce Cap Diamant où un demi-siècle plus tôt, l’explorateur Jacques Cartier avait trouvé des pierres scintillantes. C’est cette Terrasse qu’elle a visitée et appréciée et qui offre sous ses planches, depuis peu, la possibilité de voir les vestiges de quatre forts et de deux châteaux Saint-Louis, ancienne résidence des gouverneurs de Québec du 17e au 19e siècle. La terrasse Dufferin est située à l’avant-plan du célèbre Château Fontenac, un hôtel de luxe aux prix mirobolants et dont la réputation n’est plus à faire. Plus tard dans la journée, j’ai emprunté de charmantes rues étroites et pavées pour me rendre à la Place des Armes. Une magnifique place publique où se trouve le monument de la Foi, une fontaine de style gothique commémorant le troisième centenaire de la Foi au Canada (1615-1915) avec l’arrivée des missionnaires Récollets à Québec. En fin de journée, pour répondre aux gargouillis frénétiques de mon ventre, nous avons essayé le plat traditionnel national du Québec: la poutine. Un mélange très spécial de frites huileuses et de cheddar frais, aussi appelé «couic couic» parce qu’il fait ce bruit pendant la mastication. Je vous laisse imaginer un peu la chose, pas très glamour, vous en conviendrez, le tout baignant dans une sauce brune. Comme si ce plat n’était pas assez gras, il est possible d’y ajouter d’autres ingrédients comme du bacon ou du saucisson, voire des légumes pour avoir bonne conscience. Je doute que cette mixture bizarre soit très bonne pour la santé à moins de faire un régime grossissant, mais après tout qu’en saisje, je ne suis qu’à moitié médecin. Basse-Ville Etait-ce hier ou avant-hier? Les eaux paisibles du Saint-Laurent me font perdre la notion du temps… Je vous écrivais face à cette douce symphonie que j’affectionne tant. Ce matin, j’ai pris le funiculaire reliant la terrasse Dufferin à la Basse-Ville. C’est ici, au pied du Cap Diamant, que Québec a été fondée en 1608 par Samuel Champlain. La place Royale est une charmante place pavée qui prit son nom en 1686, lorsque l’intendant Champigny y fit ériger un buste du roi Louis XIV. Elle eut dans le temps plusieurs fonctions. Ancien lieu de commerce puis place de marché, elle servit également de lieu d’exécution. Son site grandiose est une véritable malle aux trésors architecturaux. Mon escapade québécoise s’acheva à l’un des petits cafés avenants du Petit Champlain, une rue piétonne qui séduit par son authenticité, où art et histoire s’entremêlent judicieusement. Celle-ci est empruntée par des milliers de gens désirant faire les boutiques, flâner en amoureux ou en famille, peindre une toile, ou même écouter de la musique lorsqu’un artiste en herbe souhaite partager son talent. J’ai eu la chance d’y écouter une version épique de «La vie en rose», et par épique je veux dire qu’il a fallu cinq bonnes journées à mes tympans pour s’en remettre. Mais tout de même, ce fut très intéressant.  Atef Badji 97