Une dimension spirituelle jetée aux oubliettes!
Ramadan, ce mois sacré de l’année hégirienne est là. Quatrième pilier de l’islam, le jeûne durant ces 30
jours est sensé sublimer l’âme, purifier le cœur et conjurer les mauvais esprits. Cette période d’abstinence
et de paix intérieure permettra aux jeûneurs d’obtenir la clémence divine pour tous les péchés dont ils se
sont rendus coupables au courant de l’année écoulée.
Et pourtant, les Tunisiens, dans leur majorité, redoublent d’efforts pour faire de Ramadan le mois de
tous les excès et réduire à néant les beaux qualificatifs qui lui sont attribués.
Karim? Pas pour la santé! Épuisé par les goinfreries et les veillées jusqu’à plus d’heure, le corps finit par jeter l’éponge.
Mabrouk? Certainement pas pour le portefeuille! Entre consommation abusive et jeux d’argent faisant du pays un
tripot à ciel ouvert, les ménages sont à sec et leur endettement est à son apogée.
Fadhil? Vraiment pas pour l’économie du pays! Gaspillage, léthargie et absentéisme lui portent un coup fatal dont
elle mettra quelques mois à se remettre.
Cela, sans compter le manque de civisme, auquel nous sommes confrontés, certes toute l’année, mais qui atteint un
pic inquiétant durant ce mois à cause de la fameuse «hchicha». À savoir : des fumeurs frustrés qui partent en vrille
pour tout et n’importe quoi, des chauffards qui, quelques minutes avant la rupture du jeûne, inondent d’insultes les
automobilistes qui ont le malheur de rouler à moins de 120 km à l’heure, des accros du pain chaud qui se battent
devant toutes les boulangeries du pays et la liste est encore bien longue...
Et le must : les «trawih», ces prières du soir exécutées après la prière d’El Isha. Les mosquées deviennent alors
“the place to be“ et l’hypocrisie religieuse prend le relais sur la piété et la ferveur. Voitures garées n’importe où et
n’importe comment, indifférence arrogante aux embouteillages créés, tout est permis puisque «Moi, je prie!»
Si sa dimension spirituelle est zappée, au grand dam des musulmans sains de corps et d’esprit, Ramadan reste sans
conteste le mois de la convivialité familiale!
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