Tu es vraiment autodidacte?
Je n’ai suivi ni cours ni formation, j’ai appris sur
le tas. En côtoyant de grands créateurs et dans les
ateliers d’essayage, je m’intéressais à la technique
plus qu’à l’esthétique et petit à petit, j’ai déniché
des stages et j’ai appris le dessin. Par la suite, c’est
le cinéma qui m’a beaucoup aidé à m’investir
dans la création artistique.
Quelles sont tes sources d’inspiration?
Je m’inspire beaucoup du traditionnel. Avec
Farès Chraiet, Dorra Miled et Mehdi Kallel, on
a su garder notre style. Quand je dis traditionnel,
c’est de l’histoire de la Tunisie qu’il s’agit, toutes
civilisations confondues: berbère, phénicienne,
carthaginoise et africaine. J’aime beaucoup les
couleurs aussi. Je ne peux pas travailler avec du
noir ou du blanc.
Tu joues souvent sur la provocation sexuelle,
pourquoi?
La mode porte un message. C’est une horde de
politiciens, de physiciens et de scientifiques qui
lancent le cahier tendance qui part de New York
pour atterrir à Milan, Londres ou Paris. C’est
comme ça que ça se passe. Pour la tendance métrosexuelle, cela vaut pour la femme autant que
pour l’homme. Certaines femmes ajoutent des
touches masculines à leur apparence. On vit dans
un monde d’apparences : le look est important.
Comment te définis-tu?
J’essaie d’être à mi-chemin entre l’anticonformisme et l’avant-gardisme. Mes proches me
disent qu’ils arrivent à reconnaître des détails de
mes créations dans la presse ou chez d’autres créateurs.
Que souhaites-tu apporter à la mode?
En Tunisie, je trouve les gens tristes. Je souhaite
que les gens s’habillent en couleurs. À part cette
question de couleurs, j’espère toucher le social. Je
veux aller vers les gens, parler de mode avec eux,
attirer leur attention sur une autre image d’euxmêmes, différente de celle dans laquelle ils se sont
cloîtrés.
Par ailleurs, les événements de mode en Tunisie,
au lieu d’inspirer des tendances, deviennent de
plus en plus des événements d’animation. Leur
crédibilité est remise en cause par les investisseurs
et les créateurs sont découragés car ils ne trouvent
plus d’appuis pour lancer leurs collections.
Comment habilles-tu l’homme moderne?
Je trouve qu’il y a un grand changement en Tunisie en ce qui concerne l’apparence de l’homme.
C’est principalement grâce à la présence dans
nos vitrines de marques étrangères qui, elles,
sont en perpétuel changement. Ici, on s’habille
« vitrines ». Chez les New Yorkais, les Milanais
Salah Barka, 39 ans, a débuté dans le mannequinat et
après des années passées dans ce métier, il a choisi de
s’affirmer en tant que styliste et costumier de cinéma,
de théâtre et de spectacles de danse. Autodidacte et passionné, il lance son propre atelier et se consacre pleinement à sa grande passion : SA mode. Derrière le nom de
Salah Barka se cache un grand sensible et un amoureux
éternel de la vie. Sans prétention, avec gentillesse et simplicité, il nous accorde cet entretien haut en couleur.
ou les Londoniens, ce n’est pas pareil. Il n’y a que
les Français et nous qui adoptons le look en série.
Ma grande clientèle est la communauté gay. D’ailleurs, je trouve que les gays en Tunisie n’ont pas
de limites, ils se lâchent et le « gay style » est très
tendance actuellement.
Et la femme dan