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couple Elle peut d’autre part se laisser aller n’ayant plus le temps de prendre soin d’elle. De même, l’envie sexuelle, qui disparaît après l’accouchement, peut avoir du mal à refaire surface. On observe alors une multitude de petits détails qui gênent et dont le cumul peut s’avérer préjudiciable. Alors ce mari en manque d’affection et cette femme, mal dans sa peau, qui a l’impression de tout devoir gére r, seule, auront du pain sur la planche pour maintenir l’équilibre de leur couple et assurer sa survie. Témoignages : Quand la venue d’un bébé menace l’équilibre du couple Concevoir un enfant est l’une des décisions Que se passe-t-il quand bébé est là ? les plus importantes qu’on prend dans sa vie. Les deux amoureux sont devenus parents ! On pourrait croire que la venue au monde de ce petit être ne peut qu’apporter félicité à la nou- Mais si grâce à cet événement on découvre un velle famille, et pourtant… un combat de longue haleine est à prévoir. sentiment encore plus fort que tout ce qu’on a pu En réalité, la naissance d’un enfant chamboule tout le rythme de vie connaître, -celui de l’amour qu’on porte pour sa de ses parents. C’est un grand changement qui a lieu brusquement, progéniture, il est cependant à même de mettre et auquel tous les deux doivent bien se préparer afin de minimiser les dégâts qu’il pourrait engendrer. en péril le couple. Certes, certains réussissent Au tout début, entre joie et fatigue, les parents n’ont pas le temps de à dépasser cette crise post-natale, d’autres, en réaliser la mutation qu’est en train de vivre leur couple. Mais au fil des revanche, optent pour la solution de facilité, celle semaines, ils commencent à s’habituer à leur nouveau quotidien et à de la séparation. Alors comment bébé constitue remarquer les effets de ce bouleversement sur leur vie. Le papa peut sentir un manque d’attention de la part de sa femme une menace pour le couple ? Comment dépasser submergée par tant de nouvelles tâches et d’émotions. La maman peut cette éventuelle crise post-natale ? également se sentir délaissée et manquant de soutien. Et cela va sans dire qu’avec les 9 mois de grossesse, l’accouchement, le baby blues, l’allaitement, etc. sa tâche est loin d’être aisée, et un tel sentiment est plus que prévisible. 92 Sana, 33 ans : «  Je n’ai qu’une envie, c’est qu’il s’en aille ». « Mon bébé a un an. Mon mariage en a 3. Avant qu’on se dise oui, tout était beau, tout était parfait. On s’aimait et on se pro- mettait une vie exemplaire où on se dirait tout et se partagerait tout. Le rêve de toute femme voulant fonder une famille. Nous voilà mère et père d’une petite fille, et ma vie a tourné au cauchemar. Dès le moment où il a su que j’étais enceinte, il a changé. Au début, je me suis dit que ça doit être la peur du changement et qu’avec la venue de notre enfant, il com- prendra et il tiendra sa promesse. Mais ça a empiré. J’ai dû laisser tomber mon travail car monsieur estimait que son aide financière suffisait. Je n’ai plus aucune mi- nute à moi. Je dois tout gérer : mon bébé, ses maladies, ses repas, les repas de mon mari, le ménage, les 3 heures de sommeil chaque nuit. Tout. Mon mari quant à lui, il râle. Il n’aime pas que je me laisse aller, il réclame des moments intimes que ne peux lui donner car je suis tout le temps épuisée et que je n’ai plus d’appétit sexuel, et il se fâche s’il ne trouve pas de dîner. J’en suis arrivée au point où le simple fait de le voir me rend folle de rage. » Jamila, 37 ans : « Avec la venue de notre deuxième enfant, je me sens abandonnée ». « On a eu notre petite fille il y a 3 ans, et je peux dire qu’à l’époque, on avait bien géré la situation. On partageait les tâches, on se consacrait des moments en amoureux de temps à autre, bref, on a su créer un certain équilibre au sein de notre couple, et qui arran- geait tout le monde. Il y a trois mois j’ai eu mon deuxième enfant. Et aujourd’hui, j’ai l’impression que mon mari s’est quelque part déresponsabilisé. Il se trouve que la situation est devenue difficile- ment gérable et je me suis retrouvée à assumer seule la plus grande partie du « boulot ». A vrai dire, j’ai frôlé la dépression. On a éga- lement un peu perdu la complicité qu’on avait après mon premier accouchement. De même, il n’y a plus de place pour la vie de couple, notre objectif ultime, au quotidien, étant de dormir. Mais tout cela ne veut pas dire qu’on s’est éloigné l’un de l’autre, car on sait qu’il ne s’agit que d’une période passagère. » Ahmed, 35 ans. « La venue au monde de notre fils n’a fait que renforcer notre relation ». « Avec ma femme on s’est marié il y a deux ans. Notre relation est basée essentiellement sur la complicité qu’on a su garder même après la naissance de notre enfant. Certes, notre vie a changé. Elle est devenue plus difficile, que ce soit sur le plan financier ou celui du temps qu’on devrait s’accorder pour respirer. Aujourd’hui, on donne la priorité à notre petit, et c’est ce qui a été convenu depuis que ma femme est tombée enceinte. Même si on s’est un peu éloigné l’un de l’autre concernant le côté « intime » de notre couple, faute de temps et d’énergie, une sorte de solidarité est née. On s’entraide, on se soutient, en se partage les tâches ménagères, on prend soin de notre bébé ensemble, et on le fait avec plaisir car c’est pour l’intérêt de notre enfant. Comment dépasser la crise ? Afin d’éviter qu’une telle crise ne mène vers la séparation, quatre mots clés sont à exploiter sans modération : Patience, complaisance, amour et dia- logue. En devenant parents, la charge mentale pèse encore plus lourd sur la femme. Se partager les tâches devient alors primordial. Et ici, on ne parle pas uni- quement du bébé mais aussi des tâches ménagères. Se dire des mots doux, s’accorder des moments romantiques à deux, même de temps en temps, doivent accompagner ce processus. Par ailleurs, si la maman se laisse aller, il faut lui accorder du temps pour qu’elle fasse la paix avec son corps fragilisé par la naissance. Cependant, lui rappeler à quel point elle est belle ne serait pas de refus. De même, afin de reconquérir son envie sexuelle, la femme a besoin de son conjoint, qu’il lui fasse sentir qu’il la désire encore. Et cette reconquête peut partir de mots sensuels, de simples massages, de petites attentions telles que l’achat de lin- gerie sexy, pour passer progressivement vers des actions plus érotiques. Et c’est ainsi qu’on pourra raviver la flamme. Ne pas négliger les besoins de chacun mais se mettre à sa place et essayer d’être indulgent l’un envers l’autre, sont donc essentiels afin d’éviter les conflits. Et c’est en s’armant d’amour et de patience qu’on aboutira à la réussite de cette phase de la vie de couple. Mais pour arriver à gérer tout cela, le dialogue est, encore une fois, capital.  Seïma Essaâfi 93