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Yahia Bouhlel 20 ans

Partie à la rencontre de ce jeune homme de 20 ans dont on parle tant dans le milieu du « coding » - programmation et développement de produits tels que jeux vidéo , applications , logiciels , etc . - , il est 8h30 du matin lorsque je débarque dans un vaste open space lumineux , aux Berges du lac où Yahia , qui y a tout récemment emménagé son entreprise , m ’ accueille avec un grand sourire , en jean , baskets et t-shirt « Go My Code ».
Rien à priori ne le distingue des jeunes de son âge mais son parcours est loin d ’ être académique et cet amoureux de jeux vidéos a créé sa propre startup « Go My Code » qui non seulement a raflé de nombreux prix à l ’ international et en Tunisie mais a été classée , en moins d ’ un an , parmi les Top 100 Startup d ’ Afrique du Nord . L ’ espace est déjà animé à cette heure matinale . L ’ atmosphère semble totalement à la décontraction mais , devant une table ou assis sur des poufs , tous les jeunes présents sont plongés dans leur ordinateur . Très naturellement , Yahia m ’ invite à prendre place dans une petite salle de réunion et il me parle de sa formidable aventure née de sa passion .
20 ans et déjà en pleine réussite professionnelle , ce n ’ est pas si commun . Ton environnement familial y est-il pour quelque chose ? « Pas particulièrement . Je suis originaire de Sousse et ma famille fait partie de la classe moyenne . Mon père est ingénieur mécanique à l ’ aéroport de Monastir et quand il rentrait du travail le soir et qu ’ il posait son ordinateur portable sur la table , je m ’ empressais de le lui emprunter et jouais aux jeux vidéos préinstallés alors que l ’ on n ’ avait pas encore internet à la maison . J ’ étais toujours frustré car je les connaissais mais je ne pouvais pas aller plus loin . Puis en 2010 , on a eu internet et j ’ ai joué avec des « bitcoins », de l ’ agent virtuel , et comme j ’ épuisais rapidement mon pécule , j ’ ai commencé à essayer de trouver des solutions pour pouvoir jouer plus . C ’ est comme cela que j ’ ai découvert le hacking ( codage ). Comme je suis très curieux , j ’ essayais d ’ en savoir davantage sur cet univers pour lequel je me suis pris de passion . C ’ est alors que mon frère m ’ a envoyé un site « site de 0 » pour apprendre à coder et à faire de la programmation . J › ai aussi demandé à mes parents de m ’ inscrire dans une formation « Java ».» Et c ’ est là qu ’ une belle aventure commence ? « Oui vraiment . Je me suis mis à développer des sites web , des algorithmes et même un site qui s ’ appelle Yayagames qui contient des jeux en ligne gratuits et ouverts à tous . Pour générer de l ’ argent , j ’ ai dû y introduire un peu de publicité et le succès était au rendez-vous . Je me rappelle qu ’ à l ’ époque , j ’ avais 15 ans et j ’ ai pu grâce à ce site gagner environ 800 dollars . Petit à petit , j ’ ai commencé à développer des applications , d ’ autres algorithmes , etc . Benjamin de la famille , et n ’ ayant pas eu le même parcours scolaire brillant que mon frère ainé , mes parents n ’ ont commencé vraiment à m ’ encourager qu ’ au moment où ils ont vu que je tenais un vrai projet entre les mains . D ’ ailleurs , ils n ’ ont pas hésité à me laisser partir seul aux Etats- Unis à 16 ans . Chose que beaucoup de passionnés comme moi n ’ ont pas eu la chance de vivre .»
Comment a commencé l ’ expérience américaine et que t ’ a-t-elle apporté ? « Mon frère m ’ a communiqué l ’ annonce d ’ une startup américaine , basée à la SiliconValley , qui recherchait des jeunes entre 14 et 16 ans pour une période de stage de 3 mois en été , pour créer des jeux . J ’ ai décroché le job après un entretien en Vidéo Skype et pour pourvoir partir aussi loin , j ’ ai évidemment eu une bourse et j ’ ai gagné quelques prix pour certains produits que j ’ ai développé . Et me voilà aux Etats-Unis projeté dans une dynamique sans répit . Je m ’ y suis investi sans compter et j ’ y ai découvert aussi les « Hackatons » ( marathon de programmation informatique ). Déterminé plus que jamais à progresser , j ’ ai participé à plusieurs challenges et en ai gagné

Je crois que la passion ouvre les voies de la réussite

quelques uns qui m ’ ont permis de me faire connaître et de vendre mes produits . Par la suite , j ’ ai effectué d ’ autres stages aux Etats- Unis et cela a été un véritable tremplin pour ma formation , mon évolution et ma réussite dans mon entreprise . Je tiens à dire que dans ce domaine , on n ’ arrête jamais d ’ apprendre .»
Et le retour en Tunisie ? « En 2016 , j ’ ai eu mon bac et j ’ ai décidé de ne pas poursuivre des études universitaires , au grand dam de mes parents , mais de suivre plusieurs formations en ligne . Durant la même année , s ’ est tenue la 5ème édition de « Droidcon Tunisie », une manifestation ayant trait à la formation de près de 400 participants , notamment des élèves de collèges et de lycées secondaires , dans le domaine de l ’ utilisation du système Androïd et les opportunités de développement des applications numériques . L ’ organisation de Droidcon m ’ a contacté pour être speaker dans cette édition . C ’ était
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