ETC. JOURNAL EDITIONS #3 | Page 92

Le dessin est cet art de suggérer à l’aide de lignes et d’ombres. Il a cela de particulier qu’il ne court pas après la recherche de l’artifice ou de la perfection. Au contraire, il est l’instrument de l’artiste qui cherche à saisir un instant, une ambiance, une atmosphère. Le tracé peut être fantastique, onirique, réaliste au point de frôler le morbide ou simplement exact. Le trait est à même de révéler, tour à tour, le mouvement fougueux, la mélancolie, la tendresse pour une personne aimée, l’humilité, la douleur, l’obscurité menaçante, la beauté d’un corps ou encore la violence. Parfois, le trait se transforme en aplats tant et si bien qu’on ne sait plus où il commence et où il se termine, déclinant ainsi un délicat dégradé d’ombres à peine perceptible. La ligne laisse alors la place aux contrastes. 92 Les choix des ombres et des lumières, de la densité et de l’intensité du trait révèlent les volumes et les subtilités de scènes intimes et prises sur le vif. Dans certains cas, le trait est rapide et nerveux, à peine esquissé, et servira ensuite de point de départ à la réalisation de peintures ou de sculptures, dans le confort de l’atelier. Le dessin se fait alors recherche et réflexion. Dans d’autres cas, la ligne est fine et parfaitement maitrisée, léchée et travaillée. Le dessin se fait alors oeuvre à part entière. Toutefois, dans l’imaginaire collectif, il reste enfantin, simpliste ou grossier, en comparaison avec d’autres Arts qui bénéficient d’un prestige plus grand. Cette petite chose parvient pourtant à exprimer une profondeur exceptionnelle en quelques traits. 93