ETC. JOURNAL EDITIONS #2 | Page 98

SOUVENIR Le banquet et l’humain Ce banc en bois, caché dans la pénombre, est ma place favorite lorsque je ressens le be Le feu de bois crépite et réchauffe doucement mon visage. J’observe ces gens rire, mang depuis toujours, ils sont ma famille. Ils ont entouré mon enfance et mon adolescence. Pour comme des étrangers. Profondément plongée dans mes pensées, la musique, les chants, de voix m’arrivent assourdis. Il est tard mais les tables débordent encore de nourritu pêle-mêle, pièces de viande grillée, salades, gâteaux en tous genres, plats mijotés, b fromages, charcuterie… Chacun, repus et embrumé par l’alcool, se lance joyeusement da la conversation, les yeux brillants. Les enfants courent et jouent avant de s’endormir dans un coin. Etrange comportement que le nôtre. Pourquoi ce besoin de se rencontrer pour partager un repas ? Ce phénomène se retrouve où qu’on aille. En Argentine, la chaleur et la convivialité de l’asado. A Milan, la Cène de Léonard de Vinci. Le thé autour du samovar en Russie. Il est de bon ton d’offrir à manger et à boire à un étranger ou à un invité. Comme un pont jeté à la rencontre de l’Autre. Une main tendue. Un instant de convivialité et de partage. Une amorce de lien social. Les éléments indispensables au banquet sont immuables : un nombre suffisant de convives, un événement à célébrer, des divertissements, quelques heures devant soi voire quelques jours, et surtout de la nourriture et des boissons à foison. Opulence, abondance, luxe, richesse, faste et prospérité. Comment comprendre cette constante sociale ? Pourquoi cette nécessité de s’asseoir à une table pour célébrer ou commémorer un évènement ?